LA LUNE ET LA TORTUE

La lune et la tortue... Aussi differentes que le jour et la nuit, que la France et le Japon...

19 juin 2006

Whiteberry - natsu matsuri

Je ne suis pas une fan de J-pop, la pop japonaise, je n'y connais vraiment absolument rien, mais une de mes amies chante toujours cette chanson au karaoke et je la connais désormais pratiquement par coeur. Le groupe s'appelle Whiteberry (ホワイトベリー) et la chanson natsu matsuri (夏祭り) ce qui signifie "festival d'été".
Si vous avez des questions sur le clip, n'hésitez pas à les poser...

18 juin 2006

Devinette


J'ai acheté ça ce week end. A votre avis, qu'est-ce que c'est ?

16 juin 2006

Soiree sushi

Je sens que ce billet va faire des envieux. Laissez-moi vous conter ma relation avec les sushis, un récit rempli de haine, d'amour, et de tendresse (avec Brad Pitt dans le rôle du sushi au thon) .

La première fois que j'ai mangé des sushis, c'était à Paris. Je venais d'emménager, je ne connaissais personne, j'allais commencer le japonais. J'avais besoin de rattraper mon retard si je ne voulais pas que les otakus de ma future classe de me jette des pierres. Alors un soir, j'ai trainé mon pote Seb (coucou Seb!!! Tu vas devenir une star maintenant grâce à moi) dans le treizième, le quartier asiatique. On était jeunes et fous à l'époque, et surtout cons (c'était il y a une éternité, oh, pfff... il y a un an et demi environ) et on pensait que pour manger des sushis, il suffisait d'aller dans le quartier asiatique de Paris. On a hésité devant plusieurs restaurants japonais tenus par des Vietnamiens (mais on venait de quitter notre province, on ne savait pas encore distinguer l'authentique restaurant japonais du pas authentique restaurant japonais) et on s'est finalement décidé pour le moins cher (comment ça radins?!? VOus savez comme la vie est chère à Paris!!!).

Après avoir longuement hésité sur le menu complètement incompréhensible, on a commandé des maki-sushis. J'avais vu des photos de sushis, et ça avait l'air tellement bon, toutes ces couleurs, ces textures... Ca ne pouvait qu'être bon; j'étais persuade que j'allais adorer et que j'allais échapper au vieil adage maudit familial ("les sushis, c'est pas bon", dixit mes parents).
La jeunesse est tellement impatiente. Je me trémousse sur ma chaise pendant que Seb râle qu'il aurait préféré aller au MC do, que c'est moins cher et qu'avec la carte 12-25, on peut avoir un hamburger gratuit... Enfin, le garçon arrive, appuie sur le bouton Off de Seb en passant et dépose une planche en bois avec de minuscules rouleaux verts foncés à l'extérieur, blancs et rouges à l'intérieur. Alléluia, les sushis sont miens ! Je verse quelques larmes de joyce pure sur ce miracle. Allez, on attaque! J'essaye de prendre le maki entre mes baguettes. Je n'avais pas encore mon BEP baguettes japonaises à l'époque, c'est peut-être pour ça que j'ai mis autant de temps à manger et que j'ai eu mal à la main tout le reste de la semaine... Pendant ce temps là, Seb fidèle à lui même enfourne deux makis dans la bouche (il utilise sa main, hein...) et se met à mastiquer. Réaction immédiate du copain-pas-content-parce-qu'on-n'est-pas-allés-au-McDo-comme-il-le-voulait : "c'est dégueulasse ce truc, beurk... en plus, c'est super cher et c'est minuscule. Grouille-toi, on se casse au Mac Do".

Evidemment, je ne fais pas attention à ce qu'il me dit. J'arrive enfin à attraper un maki en serrant de toutes mes forces les doigts autour des baguettes, dans un mouvement éclair, je le fais tomber dans la sauce de soja puis je l'écrase dans le wasabi, et vite, avant que ça ne tombe, direction la bouche. La sauce soja, c'est salé, le wasabi, ça arrache la langue, l'algue, ça colle et ça a le goût de moisi, le poisson cru, ça a le goût de poisson cru pas frais. Conclusion : chose non comestible sous peine de mal au coeur éternel. Mais argh, les amis, j'étais jeune et en tant que future étudiante en japonais, je ne pouvais accepter l'idée de ne pas aimer les sushis. Après avoir avalé avec difficulté le maki en songeant à l'état de mon pauvre petit extomac, j'ai répondu du tac-au-tac "mais non, c'est délicieux, tu ne sais pas l'apprécier, c'est tout. Tu ne peux pas comprendre" (mais enfin, mais oui, je suis toujours amie avec Seb, pourquoi cette question? J'étais sur le point de vomir, mais j'avais ma fierté et j'ai tout fini (sans trop mastiquer les derniers, d'ailleurs).

Après cela, je n'ai plus jamais mangé de sushis. Les sushis et moi, c'était terminé, la rupture totale, la honte que j'allais devoir cacher à mes collègues apprenti-japonologue si je voulais survivre dans la jungle de l'université. Après une année de cachotteries, tout cela ne pouvait plus durer : j'étais désormais au Japon, le pays du sushi levant, et si on apprenait que je n'aimais pas leur plat et fierté nationale, j'allais devoir me faire harakiri (ou seppuku, comme vous voulez), c'est sur.

Heureusement, je n'ai eu que très rarement l'occasion de manger des sushis ici. C'est surtout lors de buffets organisés par mon université que j'ai vu des morceaux de poissons crus pointer leur nez. J'en ai mangé un ou deux, du bout des lèvres, sans conviction, pour faire plaisir aux Japonais. Jamais de maki sushi, hein ! C'est que je me méfiais encore, j'avais encore en tête ce goût d'algue pourrite... La seule chose que j'aimais, c'était prendre les sushis en photo. Mes interlocuteurs me demandaient toujours, les yeux remplis d'espoir : "alors, qu'est-ce que tu en penses?" et moi, dans ma faiblesse, je leur répondais que c'était plutôt bon mais que j'allais plutôt me servir un peu de ce curry-là-bas-si-vous-voulez-bien-m'excuser... En réalité, c'était insipide et très décevant comparée à la cuisine familiale que je déguste tous les jours ici. Et pourtant... pourtant...

Ce soir, j'ai changé d'avis.

Shannon avait promis de m'emmener dans un bar à sushis. En fait, j'avais vraiment envie d'y aller pour prendre des photos (et les mettre sur mon blog genre "j'adore les sushis") et surtout, pour admirer le tapis roulant sur lequel se déplace les assiettes (oui, j'ai honte). Alors c'est parti mon kiki. Après avoir récupéré des bons de réductions à la fac (spécialement pour les étudiantes), nous voila donc dans le bar à sushi le plus proche de chez nous. On entre, et ça donne ça :
Je vous explique parce que je ne sais pas s'il existe des bars à sushis en France. Les gens s'asseoient sur des chaises hautes, autour d'un comptoir. On reçoit un menu sur lequel les sushis sont répartis en fonction de leur prix. Sur le comptoir, il y a un petit tapis roulant sur lequel les cuisiniers déposent les assiettes de sushis qu'ils ont préparées. Les assiettes sont de différentes couleurs, chaque couleur correspondant à un prix le code de couleurs est affiché sur le mur).

On peut donc soit prendre une des assiettes qui nous passe sous le nez parce que ça a l'air bon, soit commander un type de sushi à un des chefs qui le prépare directement derrière le comptoir.

Après nous être installée et nous être servie une tasse de thé macha, nous commençons la dégustation. Je choisis un maki sushi débordant de petits oeufs de poisson. Après avoir descendu l'assiette du tapis roulant, j'attrape un maki entre mes doigts (on peut manger les sushis avec ses baguettes ou ses doigts, peut importe), le trempe légèrement dans la sauce soja et l'engloutit en un instant, le coeur battant, la sueur froide trempant mon dos, au souvenir effroyable de mes premier sushis. Je mâche un peu, prête à tout avaler d'une traite, en faisant passer le goût avec une bonne rasae de thé... mais... mai... Argh, mais c'est bon !!! J'aime bien le mélange riz à sushi sucré et sauce soja salée auquel s'ajoute le goût frais des oeufs de poisson.

Ensuite, nous attrapons des inari-sushis qui passent. Il s'agit de poches de tofu frites fourrées au riz sushi. Les poches sont toute molles, ce n'est pas facile à tenir entre les baguettes. A ma grande surprise, le tofu est sucré ! Pas mauvais, mais pas mes préférés.


Et voici des maki-sushis au concombre et aux graines de sésame. Comme quoi, les sushis, ce n'est pas que du riz avec du poisson cru. Ca pourrait en réconcilier certains avec la cuisine japonaise. Le concombre, bien croquant contraste avec le moelleux du riz. Le wasabi, la moutarde japonaise, se charge de relever la saveur sucrée du riz vinaigré. C'est frais, c'est bon, et on ne se rend pas compte que l'on a déjà tout mangé...

On retombe dans le plus classique avec ces sushis au thon rouge mi-gras (je ne sais pas comment le dire en français). Je précise qu'il ne faut pas tremper le riz dans la sauce. En faisant cela, vous aurez non seulement de grand risques de voir votre sushi se casser en deux, mais surtout, la sauce couvrirait le goût du riz. Il faut bien saisir le sushi entre ses baguettes, le retourner et tremper la garniture dans la sauce (sans qu'elle ne se détache du riz). Je vous rappelle que vous pouvez aussi utiliser vos doigts, vous comprenez pourquoi maintenant.


Ca aussi, grand classique: des sushis à la crevette cuite. C'est drôle car j'ai du demander au cuisinier de préparer ces sushis et je lui ai demandé des sushis "à la crevette cuite". Mais il ne comprenait pas, le bougre... A la fin il m'a dit "Ah, à la crevette pas crue". Bon, c'était si simple, il suffisait de faire passer mon cerveau en mode de pensée japonaise: pour lui, la crevette n'était pas "cuite" (comme dans les sushis normaux) mais "pas crue". Vous suivez? Non? Ben moi aussi je suis un peu perdue, là... Je n'aime pas trop les sushis à la crevette alors que Shannon les adore.

Ensuite, on a relevé le défi de la mort: des sushis à l'anguille (unagi, pour les fans de friends). Aucune de nous deux n'avait jamais mangé d'anguille, Shannon redoutait l'effet de l'anguille crue sur un lit de riz, les yeux du cuisinier rivés sur nous... Je lui ai dit "on est pas des mauviettes. Tu te souviens, quand je t'ai aidé à sortir une grosse araignée de chez toi, et ben là, c'est pareil, on fonce sans réfléchir boy". Alors on a goûté, sous l'oeil de tout le restaurant. Et en fait, c'était délicieux! L'anguille était cuite et non pas crue comme nous nous y attendions et puis elle avait été plongée dans une sauce sucrée-salée à la sauce soja. Très goûteux tout ça. J'en ai même oublié de prendre une photo, dites-donc.


Et pour finir, on a suivi le conseil du chef et commandé des sushis "shake harasu". Shake veut dire saumon en japonais. Harasu, je ne sais pas, pourtant j'ai cherché, hein... Une lamelle de saumon bien tendre est passée très rapidement au grill japonais. Elle est à peine cuite, elle dond dans la bouche. On l'assaissone d'abord avec quelques gouttes de jus de citron puis on la place sur le sushi (le mot "sushi" désigne le riz uniquement). On ne trempe pas ce sushi dans la sauce soja. Pas grave, c'estdélicieux !!! On en a repris deux fois. Si vous voyez "shake harasu" sur un menu de sushis, pensez à moi et foncez sans hésitation. C'est incontestablement notre préféré à Shannon et à moi.

Tout ça pour 900 yens chacune.

Et vous, vous aimez les sushis ? Lesquels préférez-vous ?

13 juin 2006

Bwah ah ah ah ah !!!


J'ADORE cette statue. On dirait qu'elle rit.
Il s'agit d'un chien-lion, gardien d'un tout petit sanctuaire de la ville de Nikkô

12 juin 2006

Passe temps


Quelque chose que j'aime beaucoup apprendre : les vire-langues.

Voici quelques vire-langues japonais qui vous permettront de passer le temps lorsque je ne trouve pas l'occasion d'écrire dans ce blog (ce qui arrive assez souvent ces temps-ci).

Deux faciles pour commencer. A répéter trois fois :

1) 赤巻紙、青巻紙、黄巻紙
=あかまきがみ、あおまきがみ、きまきがみ
= aka makigami, ao makigami, ki makigami
= rouleau de papier rouge, rouleau de papier bleu, rouleau de papier jaune (en français, c'est pas mal non plus).

2) 生麦、生米、生卵
= なまむぎ、なまこめ、なまたまご
= nama mugi, nama kome, nama tamago
= farine crue, riz cru, oeuf cru (oui, ça veut rien dire en français)

Si ça vous plait, j'en mettrai d'autres (plus facile mais plus intéressants) et vous pourrez frimer devant vos amis. Et puis comme ça, vous voyez un peu d'écriture japonaise. C'est joli, non?

Self portrait monday ^_^

11 juin 2006

Shibuya la nuit


Trois hommes attendent que le feu passe au rouge en regardant les écrans géants de Shibuya, un quartier très animé de Tôkyô.

06 juin 2006

La folie des glaces

Je viens de lire cet article dans Libération:

"On connaissait les glaces saveur Malabar ou tomates-basilic. Cette fois, les Japonais ont fait encore plus fort : les glaces au cactus, à la langue de bœuf et même au serpent à sonnette. C'est à l'occasion de l'ouverture du « musée de la Glace » à Tokyo que ces nouvelles crèmes glacées ont vu le jour.Pour 7 euros en moyenne, les aficionados de la nouvelle gastronomie pourront également ravir leurs papilles en dégustant de la crème glacée à la crevette, aux nouilles chinoises, à l'aubergine rôtie, au wasabi (moutarde forte japonaise), au riz, au tofu ou encore à la patate.« C'est franchement dégoûtant. Mais cela vaut la peine d'essayer », grimace un étudiant de 19 ans après avoir avalé une glace au sanma, un long poisson très populaire au Japon, mais qui est le plus souvent consommé grillé.Le musée de la Glace restera ouvert jusqu'au 30 septembre. Selon le caissier du lieu, l'attraction attire beaucoup de clients, même si peu d'entre eux reviennent. Avis aux amateurs !"

J'avais déjà entendu parler de ce "musée" et j'aimerais bien y faire un tour. Il va falloir faire des recherches pour trouver les coordonnées. Mis à part ça, je précise que les glaces au tofu, à la pomme de terre douce et au wasabi (la moutarde japonaise) sont courantes ici, même si je n'éprouve pas l'envie d'y goûter. Mon parfum préféré, c'est la glace au sésame noir. Ceux qui possèdent une sorbetière devrait tenter le coup et m'en dire des nouvelles.

Soit dit en passant, voici encore un article qui donne une image totalement irréelle du Japon (le parfum le plus répandu : vanille !)

05 juin 2006

Pesant de cacahuete


Et voila Marie, je suis comme le génie d'Aladdin: il te reste 2 souhaits. Ordonne, et j'obéirai ;)

Je brouille mon visage car je me suis rendu compte qu'il était trop facile de me reconnaitre et que cela pourrait me poser des problèmes. J'espère que vous comprendrez.

04 juin 2006

La ceremonie du the

Note: Si quelqu'un sait comment faire pour élargir les images en cliquant desuus, qu'il n'hésite pas à me l'expliquer dans les commentaires.

Les Japonais, ils adorent faire des trucs compliqués. D'ailleurs, leur dicton préféré c'est "pourquoi faire simple alors qu'on peut faire super méga compliqué". Ainsi (font font font), quand un Japonais invite un copain à boire du thé, il ne dit pas "tu veux une tasse de thé ou tu préfères du café?" comme en France. Non non non, ce ne serait pas convenable. Il préfère dire "viens me voir ce week end, avec quelques copines, on va organiser une cérémonie pour te faire une tasse de thé. Mets ton kimono, quand même, ce sera plus classe". Quel honneur, les amis. Alors voila, moi on m'a dit: "j'invite quelques amis à prendre le thé ce week end. J'aurais besoin de toi pour servir les pâtisseries. Il faudra mettre un kimono rose et bien te coiffer (pas comme d'hab, quoi). Il faudra bien tenir le plat de pâtisseries, en serrant bien les doigts, ne pas coller tes coudes au corps. Il faudra rentrer dans la pièce avec le pied droit et sortir avec le pied gauche, faire quatre pas en entrant, ne pas marcher sur les bords du tatami..." après, je ne me souviens pas, je me suis endormie...

Bref, me voila, après des semaines d'entrainement intensif pour faire la serveuse, samedi dernier, à 8h30, à attendre sous la pluie qu'on veuille bien nous ouvrir la porte du pavillon de thé. Le pavillon est magnifique, il se trouve sur le campus, juste à côté de ma jolie maison qui ne sera plus que poussière dans quelques semaines. En fait, ça me prend 10 secondes pour y aller, j'ai de la chance, je n'ai pas eu à me lever aux aurores comme les autres. Il s'agit d'un bâtiment typiquement japonais qui a plus de 3 siècles et a résisté aux tremblements de terre et diverses autres catastrophes naturelles qui ont régulièrement lieu au Japon (typhon, tsunami, Godzilla...) Quand on entre, il y a une petite estrade en bois devant laquelle on ôte ses chaussures. Puis il y a une cuisine, un vestiaire, des petites pièces qui aujourd'hui serviront commecoulisses, et surtout, un espace "tatami". Comme les murs sont en panneaux coulissants en papier de riz, on peut les déplacer à volonté et créer son propre espace (une grande pièce en forme de L, deux pièces, trois pièces plus petites.... Ce serait un concept à revendre à Ikea, ça.
Aujourd'hui, il y aura deux salons pour effectuer la cérémonie : le salon est et le salon ouest. Devant, il y a une petite salle d'attente avec une table basse, où les invités-clients peuvent manger des sucreries, boire une tasse de thé vert et consulter l'album de présentation des différentes membres du club. Voila le profil que j'ai fabriqué de mes mains pas très blanches et que les gens ont pu regarder car il se demandait ce que je faisais là à mon avis. Je ne suis pas une fana de scrap après cette expérience: j'ai souffert les amis... (j'ai brouillé mon visage et les noms propres, hein, c'était pas comme ça pour de vrai)

Tout le monde est déjà en kimono mis à part moi. Il faut savoir que la plupart des étudiantes habitent à une heure ou deux de la fac et ont du se lever vraiment très tôt pour aller se faire habiller et coiffer chez un professionnel (ce qui coûte très cher). Moi, j'ai de la chance: c'est une de nos professeur qui va m'habiller. Mais pour l'instant, il faut tout préparer dans les coulisses. A côté de chaque salle de thé (vous vous souvenez, est et ouest), il y a une petite pièce toute sombre où se trouve tout le matériel pour préparer des dizaines de bol de thé macha. C'est aussi ici que l'on place les pâtisseries qui seront servies aux clients. C'est de là que tous membres du club sortent pour pénétrer dans la salle de cérémonie du thé. C'est étroit, c'est sombre, c'est bondé. Donc, je n'ai pas pris de super photos.

Tout d'abord, il faut préparer le principal : le thé.

Le thé macha est particulier: il s'agit de feuilles de thé vert réduites en poudre. Donc, quand vous buvez le thé, vous buvez aussi le thé lui-même puisqu'il n'est pas seulement infusé (ouh la, je sens que c'est très clair). Le thé est très amer et sent les épinards. Malgré cette description peu avenante, je le reconnais moi-même, on devient vite accroc. J'ai désormais besoin de mon bol de macha tous les mardis... En tout cas, c'est beau, non?

Comme je vous l'ai dit, les Japonais aiment bien faire des choses compliquées pour atteindre la perfection esthétique (han, c'est la phrase la plus compliqué que je vais écrire dans ce billet je pense). Il ne s'agit pas de verser un peu de cette poudre dans la boîté à thé qui servira à la cérémonie. Que nenni. Il faut que le thé prenne une forme conique parfaite. Pour cela, les étudiantes doivent verser la poudre de thé cuillèrée par cuillèrée dans une espèce de petit entonnoir qu'elles placent au dessus de la boîte à thé.

De cette façon, une grande part du thé thé tombe bien au centre de la boîte et forme un cône. Il faut ensuite parfaire cette forme conique avec une espèce de petite spatule constituée de deux plumes entrelacées qui sert à aplatir tout doucement les endroits où le thé dépasse.

Evidemment, il ne faut pas que le cône soit trop haut ou trop bas, il doit être parfait...

Incident diplomatique: alors qu'une étudiante me regarde prendre mes photos, elle a un geste involontaire et écrase son cône avec sa plume, ce qui nous fait toutes mourir de rire. Ben oui, imaginez, vous venez de passer une heure à former votre cône de thé et pchittt, en une seconde, tout est détruit. Rien n'est éternel, il faut tout recommencer. C'est aussi ça, l'esprit zen.

Le temps passe vite, et voila les premiers clients qui arrivent... Heureusement, le comité d'accueil est près.

Il faut payer seulement 400 yens pour pouvoir assister à la cérémonie du thé. Ensuite, on vous demande d'écrire votre nom dans un petit cahier ainsi que votre adresse. On appellera votre nom lorsque ce sera votre tour, mais surtout, les filles des coulisses savent à l'avance combien de clients assisteront à la cérémonie... On envoie aussi une petite lettre à tous les clients pour les remercier d'être venus. On est ben trop gentille, je trouve...

On s'active dans les coulisses. Au départ, il n'y a que deux étudiantes qui entrent dans le salon: celle qui prépare le thé et son assistante qui doit apporter le bol au client le plus important et qui fournit des explications. Il y a ensuite les serveurs (dont je fais partie) qui attendent le bon moment pour apporter les assiettes de pâtisseries et les bols (au premier plan sur la photo). On sait à l'avance combien de clients participeront et on ajuste ainsi le nombre de pâtisseries et de thés à préparer. Ben oui, s'il y a 10 clients, on ne prépare qu'un seul bol de thé devant eux et les 9 autres sont préparés dans les coulisses. On dit que la température parfaite pour boire le macha est 80°C. Pendant la cérémonie, on verse une louche d'eau froide dans l'eau brûlante de la bouilloire de fonte avant de puiser l'eau qui servira à préparer le thé. Dans les coulisses, on se sert d'un thermomètre que l'on plonge dans la bouilloire (dans le coin à gauche au fond sur la photo).

Le travail se fait à la chaîne: l'une verse deux cuillèrées de thé dans un bol, l'autre verse une louche d'eau, la troisième fouette le thé à l'aide d'un petit fouet de bambou. Le thé doit être servi mousseux. De cette façon, lorsqu'on aura fini de le boire, la mousse formera un joli dessin que l'on pourra admirer...

On amène d'abord les pâtisseries. On attend ensuite que tous les clients se soient servis avant de retourner chercher l'assiette vide. Evidemment, il faut suivre le protocole tant pour apporter une assiette que pour manger la pâtisserie ou bien boire le thé. Après que les clients aient fini de manger leur pâtisserie et que le premier bol de thé ait été préparé, on amène le thé aux autres clients. Il faudra ensuite retourner chercher les bols vides.

La vaisselle que nous utilisons aujourd'hui appartient à notre professeur. Elle est très belle, très ancienne et surtout très cher. Il faut toujours tenir le bol ou n'importe quel autre accessoire qui pourrait se briser avec les deux mains. On ne lave pas les bols avec du savon, on les laisse simplement tremper dans une bassine d'eau chaude avant de les frotter un peu et de les sécher soigneusement.

C'est amusant de voir des Japonaises en kimono faire la vaisselle. Attention à ne pas laisser ses longues manches tremper dans l'eau...

Les salons de thé sont tous deux entourés d'un couloir étroit qui permet aux étudiantes de circuler facilement d'une pièce à l'autre sans déranger les clients.

Après avoir assuré mon travail de serveuse, la chef du club (mince, comment on dit en français?) m'invite à assister à la cérémonie. On me fait passer dans le petit salon d'attente où patientent déjà d'autres clients. Nous pouvons en profiter pour admirer le jardin de thé qui entoure le pavillon (enfin, moi, je passe devant tous les jours pour aller à la fac alors je n'ai plus grand chose à découvrir).

Puis la maîtresse de cérémonie, apparait, s'agenouille devant la porte coulissante, l'ouvre, puis nous invite à pénétrer dans le salon de thé. La première personne qui entre sera le client principal. C'est lui (où elle) qui s'assiera près de la bouilloire et il sera toujours le premier servi. Il faut bien connaitre les règles qui régissent la cérémonie pour accepter cette position puisque le maître de cérémonie s'adresse directement au client principal et celui-ci doit saluer et répondre à certains moments seulement.

Après que le premier client soit entré, nous nous approchons chacun notre tour à genoux, en poussant sur les mains pour avancer (c'est pas très glamour, je le reconnais). Arrivés devant la maîtresse de cérémonie, il faut la saluer: on place ses deux mains bien à plat devant ses genoux, puis on s'incline vers l'avant de façon à ce que le dos soit parallère au sol. On peut ensuite entrer debout dans le salon. La bouilloire se trouve dans un angle de la pièce. Les clients s'installent l'un près de l'autre en formant un L dont l'angle se trouverais en face de la bouilloire. Il faut s'asseoir en seiza (正座 qui signifie "s'asseoir correctement): à genoux, les fesses sur les talons, le dos bien droit, le mains croisées sur les cuisses. Il faut tenir environ 20 minutes dans cette position. Oui oui, ça fait super mal. Beaucoup de gens ne peuvent pas se relever après cela. En principe, avec de l'entrainement, ça devient plus facile (je frime, hein, parce que maintenant, je n'ai plus de problème pour rester une heure dans cette position grâce au club) mais la plupart des Japonais n'y sont pas habitués. J'en ai vu un tomber en essayant de se relever la première fois que je suis allée voir la cérémonie du thé, l'année dernière, ça m'a bien fait rigoler. Parce que la rigolade, ça manque pas mal dans la cérémonie du thé, hein. En ce qui concerne le maître de cérémonie et la personne qui prépare le thé, elles sont également assises en seiza. Si elles ont trop mal aux jambes, elles ont le droit, avant de se relever, de redresser les talons de façon à rétablir la circulation sanguine. (je sais, c'est super mal expliqué).

Après que tous les clients se soient installés, le maître de cérémonie pénètre dans le salon puis referme la porte coulissante. Elle prononce un petit discours de bienvenue. Un autre panneau s'ouvre, et voici l'étudiante qui va préparer le thé qui nous salue à genoux avant de pénétrer dans la pièce. Tout le monde lui répond en saluant. Elle entre ensuite en emportant tout son matériel (en deux voyages).

ahref="http://photos1.blogger.com/blogger/7611/1370/400/pour%20le%20blog%201.1.jpg">Dans la pièce se trouvent déjà la bouilloire en fonte posée sur un foyer et un récipient contenant de l'eau fraîche (bleu et blanc sur la photo). Ces deux objets sont posés sur une planche laquée et ne quitteront pas le salon de thé durant la cérémonie.

Voici les objets qui sont amenés dans le salon de thé au début ou à la fin de la cérémonie:

- A droite se trouve le bol dans lequel on prépare le thé, la cuillère de bambou qui sert à verser le thé dans le bol et le fouet pour mélanger le thé à l'eau. La boîte à thé ne se trouve pas sur cette photo (mais zut alors, où elle est?!?)

- Au centre : la louche pour puiser l'eau, un plat en bois pour verser l'eau sale, un support sur lequel on pose la louche ou le couvercle de la bouilloire pour éviter d'âbimer le tatami.

- En haut à gauche : il s'agit d'un support sur lequel on pose le fouet pour que celui-ci conserve sa forme. On ne l'utilise pas durant la cérémonie cependant.

- En bas à gauche: la bouilloire qui sert à verser de l'eau dans le récipient d'eau fraîche à la fin de la cérémonie et le petit chiffon qui sert à essuyer son bec.

Après qu'elle ait apporté tous ses ustensiles, elle commence à préparer le thé. A ce moment, on nous apporte les pâtisseries (c'est ce que je devais faire). Voici quelques photos qui viennent du salon est.

La première "serveuse" qui entre place le plat de pâtisserie devant le client d'honneur. Puis elle le salue et s'en va. Le client se sert avec les baguettes (je vous passe les détails car oui oui, il y a aussi des règles à respecter en se servant) puis dépose le plat devant son voisin. On place la pâtisserie sur un morceau de papier spécial, posé à même devant soi et qui servira d'assiette. On pose le papier sur sa main gauche bien plate puis, à l'aide d'une petite pique en bois ou en métal, on tranche la pâtisserie, et on la mange morceau par morceau (c'est pas poli de la mettre en entier dans sa bouche, même si ce serait facile à faire)

Ces pâtisseries ne ressemblent absolument pas à une tarte aux fraises ou à une forêt noir (malheusement): elles sont élaborées à partir de farine de riz, de sucre et de pâte de haricot rouge. Elles sont inodores, sans saveur, très sucrées et me font mal aux dents (ça, c'est pour le détail vécu, je me prends trop pour Indiana Jones aujourd'hui). Voici celles que l'ont servait ce jour-là:

Pendant que nous mangeons les pâtisseries, le maître de cérémonie nous donne plein d'explications (sur le bâtiment, sur les pâtisseries, sur le thé, sur la vaisselle...) pendant que la personne qui prépare le thé continue son rituel. Je n'ai hélas pas pu prendre de photo lorsque je mangeais. Je vous fais un résumé des épisodes précédents: elle a lavé le bol et le fouet avec une louche d'eau et s'est assuré que tout était en bon état. Puis elle a versé l'eau sale dans le récipient qui se trouve à sa gauche.

A présent, il est temps de passer aux choses sérieuses : après avoir dépoussiéré le couvercle de la boîte à thé et la cuillère à thé avec sa petite serviette rouge, elle verse deux cuillèrées de poudre de thé dans le bol.

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Elle verse ensuite une louche d'eau froide dans la bouilloire puis tire une louche d'eau chaude non bouillante qu'elle verse dans le bol. Tout cela pour avoir une eau à 80°C..

Elle mélange ensuite l'eau et le thé très rapidement avec son fouet. Et voila ce que cela donne :

Une fois terminé, elle dépose le bol près d'elle.


C'est la maîtresse de cérémonie qui amène le bol au client principal.

Celui-ci prend le bol, salue en l'élevant un peu entre ses deux mains et en inclinant la tête puis remercie la personne qui a préparé le thé. Il goûte ensuite une gorgée et dit "c'est un délice (, même si c'est amer et ça sent les épinards)" (enfin, il le dit en japonais, hein) puis il finit de boire. Pendant ce temps, on amène les bols de thé pour les autres clients qui doivent saluer une nouvelle fois.

On prend le bol qui est placé devant soi de la main droite et on le pose sur la main gauche qui doit rester plate. Je vous passe les détails encore une fois... il y en a beaucoup. Il faut garder la tête droite lorsque l'on boit, ne pas pencher la tête en arrière. Ensuite, on repose le bol devant soit et on peut l'admirer.

Une fois que le premier client a fini de boire, le maître de cérémonie retourne chercher son bol et le pose près de la personne qui a préparé le thé. Celle-ci doit laver tous ses ustensiles avant de quitter la pièce. Evidemment, ça n'est pas aussi simple que dand la pub Paic Excel, plus besoin d'essuyer, ce-sont-les-hommes-qui-font-la-vaisselle, cette-bande-de-grosses-feignasses : il y a de nouveaux de nombreuses règles à respecter.

Je vous mets un petit film:

Après avoir rincé le bol et le fouet, elle nettoie la cuillère de bambou, remet une louche d'eau froide dans la bouilloire, rebouche tous les récipients puis range la louche.

Après cela, elle nettoie encore la boîte à thé, ramène les ustensiles utilisés sur un plateau qui se trouve dans le couloir, revient avec une bouilloire pour remplir le récipient d'eau froide, salue, puis s'en va. La maîtresse de cérémonie remercie tout le monde d'être venu puis ouvre la porte coulissante et se place à l'entrée toujours en seiza. Nous passons devant elle pour quitter la pièce et la saluons. Tout a duré environ 20 minutes.

La journée touche à se fin, le dernier client est parti. Nous nous rassemblons toutes pour saluer nos professeurs en nous inclinant devant eux:

Nous devons encore aller les saluer dehors sous la pluie. C'est seulement après que nous pouvons nous attaquer au pire: le rangement.

Il faut nettoyer toute la vaisselle, la ranger dans des boîtes en bois, ranger tous les ustensiles, les coussins, les tables basses, replacer les murs de papier en place... Cela nous prendra plus de deux heures bien que nous soyons une vingtaine.

Après cela, nous nous retrouvons autour de gâteaux offerts par nos professeurs. Miam, nous n'avions rien mangé depuis le matin, because le kimono, ça sert le bide quand même. C'est aussi le moment de prendre des photos entre copines...

Et voila, c'est fini. Je suis très heureuse d'avoir vécu ces moments et très reconnaissantes à mes professeurs et autres étudiantes de m'avoir laissé participer. Merci mille fois à vous toutes !



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