LA LUNE ET LA TORTUE

La lune et la tortue... Aussi differentes que le jour et la nuit, que la France et le Japon...

03 mai 2006

Bosaikan

Hier, j'ai rencontré Sébastien, mon jumeau de blog. C'est un garçon qui, comme moi, est venu étudier un an au Japon. Je me suis parfaitement retrouvée dans son blog (sauf que le sien est plus beau que le mien. Je ne vous donne pas son adresse car il a déjà écrit sur certains sujets que je souhaite aborder et je ne veux pas perdre mes gentils lecteurs) et nous avons passé une très bonne journée.
Nous avions convenu d'aller dans un bosaikan (防災館 de 防 = bô = se protéger, 災 = sai = catastrophe 館 = kan = bâtiment. Le bosaikan est donc un endroit où l'on apprend quoi faire en cas de catastrophe. Il y en a trois à Tokyo et c'est gratuit. Avec nous, il y avait des enfants avec leur mère ainsi qu'un jeune couple. Je dois avouer que nous n'avons pas été sérieux tout le temps. Mais au moins, on a bien rigolé (ah ah ah, c'est vrai en plus).
La visite commence avec un film en 3D qui simule un tremblement de terre très important dans différents endroits: à la maison, au travail, dans le métro, dans la rue, dans son appartement ... Moi qui pensais que les Japonais étaient parfaitement formés en cas de séisme... Dans le film, ils se mettent tous à courir dans tous les sens en hurlant. Pour sortir du métro, ils se piétinent les uns les autres, ils poussent les grands-mères... Enfin bon, c'est facile de critiquer. Je ne pense pas que je vaudrais mieux que ça. De toute façon, si j'ai bien compris, on va nous apprendre à éviter ce genre de réaction.


Première salle, premier atelier : lutte contre un incendie. Pour cela, on nous apprend à nous servir d'un extincteur. Ouais, on a le droit de l'utiliser pour de vrai ! Je suis sûre que tout le monde ici en rêvait autant que moi. Après la théorie vient la pratique: en face de nous, il y a un grand écran avec l'image d'un feu. Tout d'abord, il faut hurler "火事だ" (= "kajida" = au feu) pour avertir les voisins, par exemple, qu'on a foutu le feu à l'immeuble. Ensuite, on court vers le feu avec notre extincteur qui pèse trois tonnes, on enlève la sécurité, on attrape le tuyau, on vise le feu, et on presse sur le levier. Ppppcccchhhhtttt, on éteint en visant le bas des flammes sur l'écran. Pendant que les enfants s'exercent, on prend des photos. Sébastien met le flash et pouf, ça éteint l'incendie de l'écran (une histoire de capteur nous explique l'instructrice). Conclusion : si il y a le feu chez vous, courrez chercher votre appareil photo, et n'oubliez pas d'utiliser le flash. C'est bien plus efficace qu'un extincteur.)
On passe ensuite à l'étage suivant consacrée aux typhons et tempêtes. On nous donne d'épaisses bottes de caoutchouc, des vestes et des pantalons imperméables. On sert bien les manches autour des poignets, autour des botteson rabat la capuche, on ferme bien tout. Et on entre dans une petite pièce face à un ventilateur. Devant nous, il y a des barres de métal auxqulles il faut s'accrocher. On est un peu salauds, on a laissé les enfants au premier rang.La machine se met en route: on nous balance un vent violent et des trombes d'eau en même temps. Il faut garder la tête baissée. J'essaye de la relever un instant pour voir comment vont les autres et je manque me noyer. Impossible de respirer. Bref instant de panique. C'est super dangereux un typhon en fait. Ensuite, la pluie s'arrête et on nous balance juste un vent très fort. Ca doit être pour nous sécher. J'avais un peu peur de ressortir trempée mais non, juste un bout de cheveux mouillé. Bon, je n'ai pas pu prendre de photo depuis la machine, vous vous en doutez, mais j'ai trouvé cette photo sur ce blog :
Oui, c'est exactement ça...

Encore un étage plus bas, on arrive à la section incendie 2. Or, qui dit incendie, dis fumée. La plupart des victimes d'un incendie ne meurent pas brûlée mais asphyxiées. Sur un écran, "kumeri-kun" (Il s'agit d'un petit dessin animé: un nuage de fumée coiffé d'une casquette. Sébastien a traduit son nom par "Tonton fumée" ce qui nous a encore fait rigoler) nous accueille et nous explique quoi faire en cas d'incendie dans un immeuble. J'ai appris que la fumée se déplace très vite, plus vite qu'un homme. Il y a plusieurs règles à respecter : ne pas courir, ne pas manger (je suis pas trop sûre pour celui là : qui voudrait manger au milieu de la fumée ?!?), ne pas parler, ne pas revenir en arrière. Il faut se couvrir le visage avec un mouchoir, marcher accroupi et suivre les panneaux lumineux qui indiquent la sortie. On doit ensuite effectuer le parcours suivant et sortir sain et sauf.

Evidemment, il est rempli d'une fumée opaque qui pue et qui pique la gorge. En même temps, c'est bien parce que la vraie fumée ne sent pas l'eau de cologne à ce qu'il paraît. Nous, on a l'air con, parce qu'on a juste des mouchoirs en papier. Ca n'arrête pas trop la fumée toxique, le mouchoir en papier. Les Japonais ont toujours une petite serviette éponge avec eux car la plupart du temps, il n'y a pas d'essui-mains dans les toilettes publiques. On a bien rigolé (même si je pense que ça fait partie des choses à ne pas faire dans la fumée. On respire fort quand on rigole...), c'est assez angoissant ce couloir où on ne voit rien. On a même aidé le couple qui était avec nous et qui avait perdu le fil des panneaux lumineux. Comment on est trop fort !

Enfin, on arrive à ce que l'on attendait tant : la simulation de tremblement de terre. Sur une petite plateforme, on a reproduit une cuisine: il y a un chauffe-eau à gaz, une armoire, une table, une chaise et une porte. Vous qui vivez loin du danger, qui n'avez jamais vécu de séisme, vous ne savez sans doute pas quoi faire au cas où il y en aurait un en France, hein? Heureusement, Marjete est là pour vous aider. Tout d'abord, il faut éteindre le gaz. Dans les grands tremblements de terre du Japon, beaucoup ne sont pas morts dans le séisme lui-même mais dans les incendies qui l'ont suivi. Il faut ensuite ouvrir une porte: si une maison se déforme lors d'un séisme, il arrive que ses occupants ne puissent plus ouvrir la porte après et se retrouvent bloqués à l'intérieur. Il faut ensuite se cacher sous la table en mettant un coussin sur votre tête. Si votre maison s'écroule, la table ne résistera pas, hein... C'est juste pour éviter de se faire écraser sous le vaissellier de Tata Yvonne et pour éviter les fragments de verre lorsque vos fenêtre exploseront.

Les plus jeunes enfants passent les premiers: tremblement de terre de force 5. Attention, il ne s'agit pas de l'échelle de Richter mais de l'échelle shindo, l'échelle utilisée au Japon. Elle est basée sur les dégâts provoqués par les séismes et donne donc une bien meilleure idée de la puissance vécue des tremblements de terre (attention, je ne dis pas que l'échelle de Richter est nulle, mais elle ne chercher pas à montrer les mêmes choses). D'après wikipédia, lors d'un séisme de force 5 sur l'échelle de shindo, "beaucoup de murs non renforcés s’effondrent. Beaucoup de voitures s’arrêtent à cause de difficultés de conduite. Des distributeurs automatiques mal installées tombent occasionnellement". Gare à vous : si vous êtes dans la rue, gardez un oeil sur les distributeurs de taille monstrueuse, les voitures et les murs. Bon courage.


Viennent ensuite les enfants un peu plus âgés qui ont le droit à un séisme de degré 6. C'est celui que vous voyez sur la vidéo. Lorsque un tel séisme a vraiment lieu, "les tuiles et les vitres de beaucoup de bâtiments se brisent et tombent. Beaucoup de murs non renforcés s’effondrent." Maintenant, il faut aussi faire attention en l'air : vérifier qu'une tuile ou des fragments de verre ne vous tombent pas sur le coin de la tête.
Vient ensuite notre tour. Force 7. Le plus grand sur l'échelle shindo. Je suis chargée de fermer la porte avant de venir m'abriter sous la table. La porte fermée, , je ne tiens plus et je m'effondre, je rampe sous la table. L'instructice nous a fait passer à six personnes. Les autres sont déjà là, aggripés aux pieds de la table, serrés les uns contre les autres. Au secours, je n'ai pas de place ! L'armoire tombe, je n'ai rien à quoi m'accrocher, je tombe, je roule, je suis sur le dos, je n'ai même pas de coussin sur la tête. De toute façon, ça n'a pas vraiment d'importance, car je sais que si un tel tremblement de terre arrive lors de mon séjour, ma maison s'écroulera sur moi. Comment les bâtiments peuvent-ils résister à une telle puissance ? Comment vous expliquer... Vous avez déjà cuisiné des pommes de terre sautées ? Et bien imaginez-vous à la place de vos pommes de terre : un coup en avant, un coup en arrière, un coup vers le haut. Tout bouge, la stabilit n'est plus de ce monde. Impossible de marcher, de courir, de se déplacer pour se mettre à l'abri. On ne peut rien faire contre une telle force. Le séisme simulé dure une minute environ. J'ai l'impression que ça a été bien plus long. Sébastien et moi, on se relève. Je me suis brulés les genoux en étant secoué de cette manière sur la moquette. Lui, c'est le coude. On ne reivent pas, c'est tellement impressionnant. La terre bouge. Maintenant, on sait. Pas la peine de s'inquiéter en cas de séisme important car il n'y aura rien à faire. On peut seulement espérer avoir de la chance et s'en sortir.

A la fin de la visite, on reçoit un diplôme : youpi, nous somme tous les deux prêts à affronter tous les dangers japonais, les Yakuzas mis à part. Sébastien jubile: "imagine, s'il y a un incendie, et c'est nous qui montrons au japonais quoi faire..." pendant que je prie pour que mon bureau soit vraiment très très très solide.

PS: je ne sais pas pour les autres utilisateurs, mais moi, blogger commence vraiment à me courir sur le haricot. Non seulement les sauts de ligne n'apparaissent plus, ce qui est très désagréable pour la lecture - mais en plus, très régulièrement, je ne peux même pas poster de billet ! Avez-vous les mêmes problèmes ou bien une solution ?

8 Comments:

At 03 mai, 2006 09:22, Anonymous Anonyme said...

j'ai déjà vécu un tremblement de terre quand j'étais petite en Algèrie. Au début, on pensait que c'était un gros camion qui passait dans la rue qu faisait trembler les murs et les verres sur les étagères... mais non ! pas le temps de descendre (on habaitait au 3e étage et dernier étage), on est allé sur la terrasse comme ça rien ne pouvait nous tomber sur la tête (mais bon, on pouvait dégringoler d'une dizaine de mètre mais dans ces cas, on a la logique qu'on peut).

 
At 03 mai, 2006 11:59, Blogger Marjete said...

Moi aussi, le premier que j'ai vécu, je pensais que c'était un gros camion !
Je ne sais pas pourquoi, mais ici, on dit que l'étage le plus dangereux, c'est le premier étage. D'où les loyers un peu moins chers au premier étage. Je pense que monter sur le toit d'un immeuble n'est pas une mauvaise idée. Mais moi je vis dans une vieille maison. Bouh, j'ai peur !

 
At 03 mai, 2006 21:47, Anonymous Anonyme said...

Est-ce que c'est pour ça que les murs sont en papier au japon ? (enfin dans les films, j'imagine qu'il ne doit plus y avoir beaucoup de constructions de ce type).

 
At 04 mai, 2006 00:10, Blogger Marjete said...

AH bon? Ben je trouve ça marrant quand tu sais que tu ne risques rien...

 
At 04 mai, 2006 00:12, Blogger Marjete said...

Euh, Léo, c'est une très bonne question que je me suis posée moi-même, mais à vrai, je ne sais absolument pas. Désolée

 
At 04 mai, 2006 17:28, Anonymous Anonyme said...

Je n'ai ancore jamais vécu de tremblement de terre mais on parle d'aller en Islande cet été et il y en a pas mal là bas (enfin ce n'est pas le but premier du voyage).

En ce qui concerne blogger cela m'arrive aussi de temps en temps... en général je m'énreve et puis j'attend et en général ca passe...

 
At 05 mai, 2006 00:17, Blogger Marjete said...

Moi aussi je m'énerve :)

En Islande dis-tu, ça a l'air vraiment très bien... Je suis pressée de voir tes photos de voyage sur ton blog. Vivement les vacances...

 
At 05 mai, 2006 21:58, Anonymous Anonyme said...

Coucou,
Encore un article super intéressant & instructif. Je n'aurais jamais pensé à ouvrir la porte, mais quand on y pense, ce n'est pas illogique.
Allez, je vais lire le reste.

 

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