LA LUNE ET LA TORTUE

La lune et la tortue... Aussi differentes que le jour et la nuit, que la France et le Japon...

16 juin 2006

Soiree sushi

Je sens que ce billet va faire des envieux. Laissez-moi vous conter ma relation avec les sushis, un récit rempli de haine, d'amour, et de tendresse (avec Brad Pitt dans le rôle du sushi au thon) .

La première fois que j'ai mangé des sushis, c'était à Paris. Je venais d'emménager, je ne connaissais personne, j'allais commencer le japonais. J'avais besoin de rattraper mon retard si je ne voulais pas que les otakus de ma future classe de me jette des pierres. Alors un soir, j'ai trainé mon pote Seb (coucou Seb!!! Tu vas devenir une star maintenant grâce à moi) dans le treizième, le quartier asiatique. On était jeunes et fous à l'époque, et surtout cons (c'était il y a une éternité, oh, pfff... il y a un an et demi environ) et on pensait que pour manger des sushis, il suffisait d'aller dans le quartier asiatique de Paris. On a hésité devant plusieurs restaurants japonais tenus par des Vietnamiens (mais on venait de quitter notre province, on ne savait pas encore distinguer l'authentique restaurant japonais du pas authentique restaurant japonais) et on s'est finalement décidé pour le moins cher (comment ça radins?!? VOus savez comme la vie est chère à Paris!!!).

Après avoir longuement hésité sur le menu complètement incompréhensible, on a commandé des maki-sushis. J'avais vu des photos de sushis, et ça avait l'air tellement bon, toutes ces couleurs, ces textures... Ca ne pouvait qu'être bon; j'étais persuade que j'allais adorer et que j'allais échapper au vieil adage maudit familial ("les sushis, c'est pas bon", dixit mes parents).
La jeunesse est tellement impatiente. Je me trémousse sur ma chaise pendant que Seb râle qu'il aurait préféré aller au MC do, que c'est moins cher et qu'avec la carte 12-25, on peut avoir un hamburger gratuit... Enfin, le garçon arrive, appuie sur le bouton Off de Seb en passant et dépose une planche en bois avec de minuscules rouleaux verts foncés à l'extérieur, blancs et rouges à l'intérieur. Alléluia, les sushis sont miens ! Je verse quelques larmes de joyce pure sur ce miracle. Allez, on attaque! J'essaye de prendre le maki entre mes baguettes. Je n'avais pas encore mon BEP baguettes japonaises à l'époque, c'est peut-être pour ça que j'ai mis autant de temps à manger et que j'ai eu mal à la main tout le reste de la semaine... Pendant ce temps là, Seb fidèle à lui même enfourne deux makis dans la bouche (il utilise sa main, hein...) et se met à mastiquer. Réaction immédiate du copain-pas-content-parce-qu'on-n'est-pas-allés-au-McDo-comme-il-le-voulait : "c'est dégueulasse ce truc, beurk... en plus, c'est super cher et c'est minuscule. Grouille-toi, on se casse au Mac Do".

Evidemment, je ne fais pas attention à ce qu'il me dit. J'arrive enfin à attraper un maki en serrant de toutes mes forces les doigts autour des baguettes, dans un mouvement éclair, je le fais tomber dans la sauce de soja puis je l'écrase dans le wasabi, et vite, avant que ça ne tombe, direction la bouche. La sauce soja, c'est salé, le wasabi, ça arrache la langue, l'algue, ça colle et ça a le goût de moisi, le poisson cru, ça a le goût de poisson cru pas frais. Conclusion : chose non comestible sous peine de mal au coeur éternel. Mais argh, les amis, j'étais jeune et en tant que future étudiante en japonais, je ne pouvais accepter l'idée de ne pas aimer les sushis. Après avoir avalé avec difficulté le maki en songeant à l'état de mon pauvre petit extomac, j'ai répondu du tac-au-tac "mais non, c'est délicieux, tu ne sais pas l'apprécier, c'est tout. Tu ne peux pas comprendre" (mais enfin, mais oui, je suis toujours amie avec Seb, pourquoi cette question? J'étais sur le point de vomir, mais j'avais ma fierté et j'ai tout fini (sans trop mastiquer les derniers, d'ailleurs).

Après cela, je n'ai plus jamais mangé de sushis. Les sushis et moi, c'était terminé, la rupture totale, la honte que j'allais devoir cacher à mes collègues apprenti-japonologue si je voulais survivre dans la jungle de l'université. Après une année de cachotteries, tout cela ne pouvait plus durer : j'étais désormais au Japon, le pays du sushi levant, et si on apprenait que je n'aimais pas leur plat et fierté nationale, j'allais devoir me faire harakiri (ou seppuku, comme vous voulez), c'est sur.

Heureusement, je n'ai eu que très rarement l'occasion de manger des sushis ici. C'est surtout lors de buffets organisés par mon université que j'ai vu des morceaux de poissons crus pointer leur nez. J'en ai mangé un ou deux, du bout des lèvres, sans conviction, pour faire plaisir aux Japonais. Jamais de maki sushi, hein ! C'est que je me méfiais encore, j'avais encore en tête ce goût d'algue pourrite... La seule chose que j'aimais, c'était prendre les sushis en photo. Mes interlocuteurs me demandaient toujours, les yeux remplis d'espoir : "alors, qu'est-ce que tu en penses?" et moi, dans ma faiblesse, je leur répondais que c'était plutôt bon mais que j'allais plutôt me servir un peu de ce curry-là-bas-si-vous-voulez-bien-m'excuser... En réalité, c'était insipide et très décevant comparée à la cuisine familiale que je déguste tous les jours ici. Et pourtant... pourtant...

Ce soir, j'ai changé d'avis.

Shannon avait promis de m'emmener dans un bar à sushis. En fait, j'avais vraiment envie d'y aller pour prendre des photos (et les mettre sur mon blog genre "j'adore les sushis") et surtout, pour admirer le tapis roulant sur lequel se déplace les assiettes (oui, j'ai honte). Alors c'est parti mon kiki. Après avoir récupéré des bons de réductions à la fac (spécialement pour les étudiantes), nous voila donc dans le bar à sushi le plus proche de chez nous. On entre, et ça donne ça :
Je vous explique parce que je ne sais pas s'il existe des bars à sushis en France. Les gens s'asseoient sur des chaises hautes, autour d'un comptoir. On reçoit un menu sur lequel les sushis sont répartis en fonction de leur prix. Sur le comptoir, il y a un petit tapis roulant sur lequel les cuisiniers déposent les assiettes de sushis qu'ils ont préparées. Les assiettes sont de différentes couleurs, chaque couleur correspondant à un prix le code de couleurs est affiché sur le mur).

On peut donc soit prendre une des assiettes qui nous passe sous le nez parce que ça a l'air bon, soit commander un type de sushi à un des chefs qui le prépare directement derrière le comptoir.

Après nous être installée et nous être servie une tasse de thé macha, nous commençons la dégustation. Je choisis un maki sushi débordant de petits oeufs de poisson. Après avoir descendu l'assiette du tapis roulant, j'attrape un maki entre mes doigts (on peut manger les sushis avec ses baguettes ou ses doigts, peut importe), le trempe légèrement dans la sauce soja et l'engloutit en un instant, le coeur battant, la sueur froide trempant mon dos, au souvenir effroyable de mes premier sushis. Je mâche un peu, prête à tout avaler d'une traite, en faisant passer le goût avec une bonne rasae de thé... mais... mai... Argh, mais c'est bon !!! J'aime bien le mélange riz à sushi sucré et sauce soja salée auquel s'ajoute le goût frais des oeufs de poisson.

Ensuite, nous attrapons des inari-sushis qui passent. Il s'agit de poches de tofu frites fourrées au riz sushi. Les poches sont toute molles, ce n'est pas facile à tenir entre les baguettes. A ma grande surprise, le tofu est sucré ! Pas mauvais, mais pas mes préférés.


Et voici des maki-sushis au concombre et aux graines de sésame. Comme quoi, les sushis, ce n'est pas que du riz avec du poisson cru. Ca pourrait en réconcilier certains avec la cuisine japonaise. Le concombre, bien croquant contraste avec le moelleux du riz. Le wasabi, la moutarde japonaise, se charge de relever la saveur sucrée du riz vinaigré. C'est frais, c'est bon, et on ne se rend pas compte que l'on a déjà tout mangé...

On retombe dans le plus classique avec ces sushis au thon rouge mi-gras (je ne sais pas comment le dire en français). Je précise qu'il ne faut pas tremper le riz dans la sauce. En faisant cela, vous aurez non seulement de grand risques de voir votre sushi se casser en deux, mais surtout, la sauce couvrirait le goût du riz. Il faut bien saisir le sushi entre ses baguettes, le retourner et tremper la garniture dans la sauce (sans qu'elle ne se détache du riz). Je vous rappelle que vous pouvez aussi utiliser vos doigts, vous comprenez pourquoi maintenant.


Ca aussi, grand classique: des sushis à la crevette cuite. C'est drôle car j'ai du demander au cuisinier de préparer ces sushis et je lui ai demandé des sushis "à la crevette cuite". Mais il ne comprenait pas, le bougre... A la fin il m'a dit "Ah, à la crevette pas crue". Bon, c'était si simple, il suffisait de faire passer mon cerveau en mode de pensée japonaise: pour lui, la crevette n'était pas "cuite" (comme dans les sushis normaux) mais "pas crue". Vous suivez? Non? Ben moi aussi je suis un peu perdue, là... Je n'aime pas trop les sushis à la crevette alors que Shannon les adore.

Ensuite, on a relevé le défi de la mort: des sushis à l'anguille (unagi, pour les fans de friends). Aucune de nous deux n'avait jamais mangé d'anguille, Shannon redoutait l'effet de l'anguille crue sur un lit de riz, les yeux du cuisinier rivés sur nous... Je lui ai dit "on est pas des mauviettes. Tu te souviens, quand je t'ai aidé à sortir une grosse araignée de chez toi, et ben là, c'est pareil, on fonce sans réfléchir boy". Alors on a goûté, sous l'oeil de tout le restaurant. Et en fait, c'était délicieux! L'anguille était cuite et non pas crue comme nous nous y attendions et puis elle avait été plongée dans une sauce sucrée-salée à la sauce soja. Très goûteux tout ça. J'en ai même oublié de prendre une photo, dites-donc.


Et pour finir, on a suivi le conseil du chef et commandé des sushis "shake harasu". Shake veut dire saumon en japonais. Harasu, je ne sais pas, pourtant j'ai cherché, hein... Une lamelle de saumon bien tendre est passée très rapidement au grill japonais. Elle est à peine cuite, elle dond dans la bouche. On l'assaissone d'abord avec quelques gouttes de jus de citron puis on la place sur le sushi (le mot "sushi" désigne le riz uniquement). On ne trempe pas ce sushi dans la sauce soja. Pas grave, c'estdélicieux !!! On en a repris deux fois. Si vous voyez "shake harasu" sur un menu de sushis, pensez à moi et foncez sans hésitation. C'est incontestablement notre préféré à Shannon et à moi.

Tout ça pour 900 yens chacune.

Et vous, vous aimez les sushis ? Lesquels préférez-vous ?

7 Comments:

At 16 juin, 2006 18:52, Anonymous Anonyme said...

J'ADORE les sushis ! :-D J'aime beaucoup le riz vinaigré sucré, et je m'habitue petit à petit au goût du wasabi.

J'ai bien aimé ton récit de ta première dégustation de sushi, lol. Je n'ai heureusement jamais eu cette expérience.

Ici, à Stockholm, c'est très à la mode, les sushi-bar. J'ai des collègues qui en mangent régulièrement à midi.

J'ai entendu dire que la cuisine asiatique, en Europe, est généralement "adaptée" au goût des Européens. Alors je m'imagine que les sushis fait au Japon sont encore meilleurs que ceux fais en Suède.

Je fais les miens aussi, "adaptés" à la suédoise, avec du saumon fumé. J'ai pas encore osé me jeter à l'eau avec l'utilisation du poisson cru...
(http://hibiscus.mon-blog.org/index.php/2006/05/14/103568-sushi)

 
At 16 juin, 2006 20:57, Anonymous Anonyme said...

je bave rien qu'à l'évocation... des tas de souvenirs qui reviennent...
le truc le plus incroyable c'est le sushi préparé à partir du poisson qui se trouvait encore dans l'aquarium 1mn avant d'arriver dans l'assiette !!!...

 
At 16 juin, 2006 23:15, Anonymous Anonyme said...

J'adooore les sushis! Et ce que je viens de voir là m'a mis l'eau à la bouche... Je n'ai pas eu le loisir d'en goûter d'aussi diversifiés que ceux là (ceux à la crevette "pas crue" devraient me plaire), mais mes préférés, ce sont ceux que je fais, au saumon/avocat. C'est classique hein, je me damnerais pour pouvoir goûter à ceux des photos.

Il existe des restaurants de "sushis qui tournent" en France, il y en a à Paris, même si tu ne les as pas trouvé ;-) Je demanderais l'adresse pour te la donner pour les jours "nostalgie du Japon" qui ne manqueront pas de survenir...

En tout cas, heureuse que tu te sois réconciliée avec les sushis. C'aurait été dommage de passer à côté =)

 
At 17 juin, 2006 02:21, Blogger Marjete said...

miam, au saumon fumé ça doit être bon... Je me doutais qu'il n'y aurait que des amateurs de sushis. C'est aussi un plat à la mode je pense, et j'ai bien l'intention d'en profiter une fois de retour en France.

Par contre, je suis un peu sensible en ce qui concerne les animaux, je pense que je ne pourrais pas manger du poisson on me disant qu'il était encore vivant il y a deux secondes, le pauvre!

 
At 18 juin, 2006 09:49, Blogger Lugnetetc said...

J'adore les sushis... J'en ai mangé au saumon fumé chez Hibiscus... Et j'en ai fait un jour au saumon cru (après passage au congélo pour enlever les cochonneries). J'en mange régulièrement le midi :-)

 
At 26 juin, 2006 13:50, Anonymous Anonyme said...

Je n'ai jamais mangé de sushi, et à dire vrai j'espère ne jamais en manger! lol

Ton récit m'a plus dégouté qu'autre chose (désolée)déjà le poisson "à la française" j'aime pas alors les sushis...:-s

 
At 23 août, 2006 18:47, Anonymous Anonyme said...

Bonjour, blog tres sympathique et tres drole. J'espere qu'entre temps, vous avez essaye au Japon un vrai Sushi-ya et non un kaitenzushi ! Si ce n'est pas le cas, je peux vous assurer que votre vision sur ce met sera une nouvelle fois remis en cause !
Le kaitenzushi etant le Mc donald ou le Flunch du sushi.

 

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