LA LUNE ET LA TORTUE

La lune et la tortue... Aussi differentes que le jour et la nuit, que la France et le Japon...

24 juillet 2006

Hiroshima

Marcher dans la ville en se disant que des femmes, des hommes, des enfants sont forcément morts en ce même endroit il y a 61 ans. Regarder les troncs des arbres qui portent encore aujourd'hui les cicatrices du passé. Se réveiller en pleine nuit pour échapper aux cauchemars qui suivent forcément une telle visite et se dire que pour eux, se réveiller n'était pas une option. Avoir le coeur au bord des lèvres en songeant à ces corps transformés, mutilés, à ces aberrations, à ces mutations qui leur rappellaient chaque jour ce qu'ils étaient et ce qu'ils avaient vécu. Être au bord des larmes a chaque instant. Regarder les touristes chinois souriant se faire prendre en photo devant le dôme fantômatique. Penser a ces enfants meurtris, le corps entièrement brûlé, méconnaissables, la peau pendant en lambeaux sanglants, que leurs parents ne reconnaissaient que grâce au son de leur voix. Penser à la souffrance de ceux qui ne sont pas morts tout de suite. Imaginer ces voix suppliantes, implorantes qui s'élevèrent des ruines de la ville: "je vous en prie, j'ai trop mal, tuez moi, tuez moi s'il vous plaît". Faire comme si tout allait bien alors qu'à l'intérieur, c est une véritable tempête qui se lève. Se demander comment le pilote d'Enola Gay a pu n'éprouver aucun regret concernant son geste. Chercher a comprendre ce qui est incompréhensible. Sourire aux gens que l'on connaît, répondre à leurs questions, comme un robot, s'extasier sur son petit voyage et avoir envie de hurler en réalité. Regarder sur les photos en noir et blanc les visages de ceux qui sont morts: visages de lycénnes, de personnes âgées, de bébés, de jeunes parents, d'enfants minuscules, si fragiles, qui ignorent encore que leur vie s'achèvera si violemment. Prier devant le cénotaphe, même si l'on ne croit en aucun dieu, simplement prier pour montrer que l'on n oublie pas, et que l'on n'oubliera jamais. En parler à nos enfants. Tout faire pour que cela ne se reproduise plus jamais. Avoir peur, se sentir oppressée, angoissée, enfermée, avoir envie d échapper a tout ça en sachant que l'on ne peut pas échapper à la réalité. Continuer à vivre en sachant.

1 kilo d'uranium en fission sur les 8 que contenaient Little Boy.
4000 °C au centre de la ville.
Un champignon de 12 km de haut
Une pluie noire atomique
350 000 vivants dans la ville ce jour-là, a 8h14.
140 000 morts entre le 6 août 1945 à 8h15 et la fin de 1945.



J'ai laissé mon coeur à Hiroshima.

2 Comments:

At 24 juillet, 2006 12:37, Anonymous Anonyme said...

Tu as écrit un très beau texte, Marjete.
Moi aussi, quand je vois ces images atroces, ca me donne envie de pleurer. Je ne comprends pas comment on peut tuer tant de civils innocents au nom de la paix. Je ne comprends pas comment on peut avoir la conscience tranquille après un acte si diabolique ... J'admire la force des gens qui arrivent à continuer à vivre après un tel "évènement", l'enfer sur terre ... Je ne suis pas croyante non plus, mais je comprends ton besoin de prier. Espérons comme tu le dis que ca ne se reproduira jamais.

 
At 25 juillet, 2006 01:06, Blogger Gabbel said...

Je devais avoir 14 ans et sur les conseils d'un prof je suis allée voir un film ... en noir et blanc ... il s'appelait "pluie noire" ...
Je me souviens ...

 

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