LA LUNE ET LA TORTUE

La lune et la tortue... Aussi differentes que le jour et la nuit, que la France et le Japon...

15 avril 2006

Yabusame

Samedi, j'ai assisté à une compétition de Yabusame, un art martial japonais très impressionnant. Des cavaliers, lancés au grand galop sur un étroit couloir, doivent atteindre d'une flèche trois cibles situées le long de la piste. La première cible est placée à 30 mètres du départ tandis que les deux suivantes sont distantes de 75 mètres. Les cibles sont des planches de cèdres assez larges qui contiennent une feuille de papier. Lorsque la flèche touche la cible, celle-ci se brise et libère de petits morceaux de papier. On voit ainsi de loin si le cavalier touche la cible ou pas.

Et maintenant , un peu d'histoire: le Yabusame est un art ancien: on retrouve certaines allusions au yabusame dans des écrits datant du début du 12ème siècle mais il est possible que la discipline soit apparue avant cela.

Il s'agissait au départ d'un exercice guerrier. C'est à l'ère Kamakura (1192-1333) seulement que le yabusame devint un rite pratiqué dans les centres religieux. Les archers montés demandant une victoire à la guerre aux kami (divinités shintô). Aujourd'hui, le yabusame n'est plus très pratiqué. La rencontre la plus connue à lieu en septembre à Kamakura où se trouve un sanctuaire shintô consacré à Hachiman, kami de la guerre. Je ne me consolais pas de l'avoir ratée. Heureusement, j'ai appris il y a quelques temps qu'une autre rencontre avait lieu à Tôkyô, à Asakusa, le long de la rivière sumida.
Je suis arrivée une heure à l'avance pour avoir une bonne place. J'ai pu m'asseoir au premier rang entre la deuxième et la troisième cible. De chaque côté du couloir dans lequel galopent les chevaux (environ 175 mètres de long et 2 mètres de large) se trouve un autre couloir plus étroit. Les spectateurs se trouvent donc à environ 1,50 mètre des participants. C'est très impressionnant.
La rencontre commence d'abord par une procession de tous les participants dans le couloir central et les couloirs parallèles: cavaliers (à pieds ou à cheval. Il y a moins de chevaux que de cavaliers donc ces derniers doivent se relayer), assistants, juges, porteurs de cible... et beaucoup d'autres dont je ne connais pas la fonction. Les costumes sont absolument magnifiques. On se croirait à l'époque Kamakura (même si j'ai mon appareil-photo à la main).


Après la procession, le premier cavalier s'élance. Son cheval blanc est lancé au grand galop, il est très rapide, j'en ai le souffle coupé. Tous les spectateurs se lèvent et se penchent en avant pour mieux voir. Les appareils-photos fonctionnent à plein régime. Je ne vois qu'un vague costume coloré passer à toute vitesse devant mes yeux. Cri de guerre du cavalier, exclamation admirative de la foule pour chaque cible touchée, déçue pour chaque cible manquée. La technique utilisée pour tirer est celle du kyûdô (voie de l'arc) également appelé "tir à l'arc zen". le mouvement est très beau, harmonieux. Même si cela a l'air plutôt facile, on se rend compte qu'en réalité, pour atteindre un tel niveau, un geste si parfait, ces hommes et ces femmes ont du s'entrainer durant des années.

L'un des arbitres (assis à côté de chaque cible) lève une espèce de balai espagnol (ou en tout cas, ça y ressemble vraiment) pour indiquer aux juges (assis face à la deuxième cible) si la cible a été brisée ou pas.
Lorsque tous les cavaliers du premier groupe ont tiré, ils reviennent au pas sous les applaudissement du public. Le vainqueur s'arrête devant les juges et reçoit alors une longue écharpe blanche qu'il noue autour de son torse.
C'est alors au deuxième groupe de passer puis aux suivants. L'épreuve a duré environ 2 heures, mais je n'ai vraiment pas vu le temps passer. Je suis repartie en me demandant pourquoi tous les Japonais ne s'entrainaient pas au yabusame et s'il était possible de le pratiquer en France.

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