LA LUNE ET LA TORTUE

La lune et la tortue... Aussi differentes que le jour et la nuit, que la France et le Japon...

05 septembre 2006

Umeboshi, suite et fin


Deux personnes m'ayant demandé des nouvelles de mes umeboshi (merci, ça m'était complètement sorti de la tête), je n'aurai pas l'extrême cruauté de les laisser dans l'ignorance. Et puis en plus, j'adore parler de bouffe sur mon blogounet, alors ça tombe bien.

Souvenez-vous, après avoir lavé mes prunes vertes avec une attention de maniaque, je les avais enfermées dans un bocal avec beaucoup de sel, et écrasées sous un poids pour qu'elles rendent du jus. Bon, alors, voyons la suite...

Quelques semaines plus tard, j'ai ajouté des feuilles de shiso rouge pour leur donner une belle coloration. On peut acheter des feuilles de shiso fraîches mais il faut ensuite les préparer avant de les mélanger aux prunes. Comme je suis une grosse feignasse et que je n'ai pas honte de le dire, j'ai acheté les fameuses feuilles déjà réduites en bouillie et salée (comme si il n'y avait pas déjà assez de sel dans mes prunes!) Il suffit de poser les feuilles sur les prunes de façon à ce qu'elles baignent un peu dans le jus. Très rapidement, les prunes et leur jus vont se teindre en rouge. Il faut laisser le shiso environ deux semaines car il donne un petit goût particulier aux umeboshi.

Normalement, un mois après avoir préparé les prunes, la saison des pluies se termine, le soleil brille et l'on fait sécher ses ume sur ls terrasse. Comble de malheur, cette année, la saison des pluies a duré extrêment longtemps (deux mois !!! Deux fois plus que prévu !!!) et mes prunes ont macéré dans leur jus bien plus intensivement que prévu. D'après ma prof de japonais-conseillère en préparation d'umeboshi "c'est pas grave". Lorsqu'enfin le soleil a pointé son nez (environ une semaine avant mon retour), j'ai égoutté mes prunes et les ai étalées sur une espèce de tamis en bois que l'on trouve dans n'importe quelle boutique à 100 yens qui se respecte . Hop, direction mon minuscule balcon infesté de bestioles en tout genre. Je perche le tamis sur mon tabouret de douche (oui, on se douche assis sur un tabouret ici, c'est très agréable, vous devriez essayer) lui-même perché sur mon unique chaise (pas de problème, je pars en voyage le jour même. Pas besoin de m'asseoir donc). Pour plus de sécurité, j'entoure les pieds de la chaise de poudre anti-bestioles moches dont j'ai fait l'acquisition depuis ma rencontre avec une scolopendre. Et puis je laisse mes prunes à leur sort, au grand soleil - elles ne mourront pas de froid au moins - en priant pour qu'aucun oiseau débile ne trouve là un garde mangé qui tombe à point.

J'aimerais bien vous montrer toutes ces étapes en image. Malheureusement, les photos que j'ai prises sont sur le disque dur de mon ordinateur qui est toujours cassé...

Retour d'un voyage de trois jours, le temps indiqué pour faire sécher les prunes. Celles-ci sont brunes, leur peau est ridée par le soleil. J'en goûte une pour voir. Ce n'est pas mauvais : ça a l'odeur et le goût d'une umeboshi. Malheureusement, ça n'en a pas la consistance: les prunes sont prisonnières d'une gangue de sel cristalisé. Bigre ! Ma recette m'aurait-elle trahie? y aurait-il trop de sel (je ne fais pas durer le suspense: la réponse est "OUI!!!") Pas le temps de me poser de question à ce moment-là: j'achète deux grandes boîtes hermétique et une autre plus petite. Mes valises sont déjà assez lourdes et il m'est impossible d'emporter uhn kilo de prunes. Après avoir rempli la plus petite boîte, je répartis le reste des prunes entre les deux autres. Je partage ensuite le jus des prunes entre les différentes boîtes. En effet, lorsque les prunes sont sèches, il faut les replacer dans leur jus pour les "réhydrater" un peu et surtout pour mieux les conserver. J'espérais également (pas à juste titre d'ailleurs) que la croûte de sel se dissoudrait dans le jus de prune.

J'ai offert les deux plus grandes boîtes à mes deux professeurs principales de japonais, comme promis. L'une d'entre elles avait peur de mourir après avoir ingéré ma production. Il faudrait que je prenne de leurs nouvelles pour savoir si elles sont encore vivantes ou pas, et surtout, pour savoir ce qu'elles ont pensé de mes umeboshi. Quant à moi, j'ai ramené la plus petite boîte dans mes valises. Il faut savoir qu'il est interdit d'importer ou d'exporter des fruits au Japon à cause des parasites qu'ils peuvent transporter. Il est également dangereux d'implanter des espèces végétales dans un milieu dont elles ne sont pas originaires. Cependant, la douane ne m'a pas arrêtée, on ne m'a pas demandé d'ouvrir ma valise (dieu merci, j'ai mis une heure avant de réussir à la fermer en sautant dessus hystériquement en hurlant "TU VAS TE FERMER, OUI ouM****". Tous mes voisins japonais doivent encore être sous le choc...), je n'ai pas été emprisonnée pour trafic illégal de prunes. Mes umeboshi sont arrivées saines et sauves dans notre beau pays.

Quelques jours plus tard, verdict de ma famille, après divers recrachage d'umeboshi expérimentales dans la poubelle et les toilettes : "c'est dégueulasse!" (avis unanimement partagé par ma soeur, mes frères, mon père, ma mère et même notre chien). Commentaire de ma gentille maman "Marjete, ne mange pas ça, ça va te rendre malade. Jette ça tout de suite à la poubelle avant que tu n'empoisonnes quelqu'un !!!" Que voulez-vous, le génie est toujours incompris. Plus sérieusement, je vous rappelle que beaucoup d'Occidentaux ont horreur des umeboshi, qu'elles soient préparées par des japonais ou par moi...

Moi, je trouve que si on ne mange que l'intérieur de mes prunes, ça a le goût et la consistance d'une umeboshi. Pas mal pour un premier essai. Mais je préfère les umeboshi non-préparées par moi. Si vous êtes curieux et souhaitez goûter aux umeboshi, il est possible de vous en procurer dans toute épicerie japonaise qui se respecte. Vous pouvez même en commander sur internet. Préférez les umeboshi au miel, plus douces, pour une première fois, et dites-moi ce que vous en avez pensé...

12 Comments:

At 05 septembre, 2006 23:08, Anonymous Anonyme said...

Toujours autant d'humour ! :-D
À quand le prochain essai ? ;-)

 
At 06 septembre, 2006 08:24, Blogger Marjete said...

Merci hibiscus :) Si je trouve des prunes japonaises l'année prochaine (qui sait?), je recommencerai sans hésitation avec une autre recette

 
At 06 septembre, 2006 11:59, Anonymous Anonyme said...

heureusement que ta maman est là pour veiller sur toi ! mais il faut reconnaitre que si on ne les mange pas, les umeboshi sont du plus bel effet dans leur boîte : très alléchantes, d'une belle couleur... on en mangerait presque !

 
At 06 septembre, 2006 13:59, Blogger Marjete said...

Ah ben ça y est, après un an de bloggure, tu as enfin réussi à poster un commentaire (et presque sans mon aide) :) Toutes mes félicitations !

 
At 08 septembre, 2006 20:48, Anonymous Anonyme said...

En tout cas, moi ça me donne aussi envie de tenter...pourquoi pas avec des prunes tricolores ? c'est la saison des quetsches ici et je commence à saturer niveau confitures... et j'avoue aussi aimer les umeboshis !
merci pour ce compte rendu super détaillé !

 
At 09 septembre, 2006 09:47, Blogger Marjete said...

C'est vrai que ce serait sympa de trouver un fruit français pour remplacer les ume japonaises. Je ne sais pas si les prunes feraient l'affaire puisqu'en français, "ume" s'appelle "abricot du Japon".Et puis il faut commencer à les préparer lorsqu'elles sont encore vertes afin d'obtenir un goût acide... Peut-être à tenter l'année prochaine...

 
At 09 septembre, 2006 18:11, Blogger Lugnetetc said...

Mm en venant les chercher suffisamment au Nord tu devrais en trouver des prunes vertes ;-)

J'ai bien rit!

 
At 10 septembre, 2006 12:41, Anonymous Anonyme said...

Franchement, j'essaierai bien une umeboshi....si je ne survis pas mon fantôme viendra te hanter ^^ :p

 
At 10 septembre, 2006 23:45, Anonymous Anonyme said...

Les mirabelles peut-être ?

 
At 11 septembre, 2006 11:12, Blogger Marjete said...

En tout cas, si vous essayez de faire des umeboshi avec de vraies prunes, j'espère que vous me direz ce que ça a donné!

Pour les (futurs) fans d'umezboshi, vous pouvez les acheter par correspondance sur le site d'épicerie du monde (rubrique Japon, sauces- épices)
ou bien à Kyoko, l'épicerie japonaise la plus célèbre de Paris:

Kyoko
46 rue des Petits Champs
Paris 2

Bon appétit!

 
At 20 octobre, 2007 21:13, Blogger kyoko said...

j'en ai acheter.C'est très spécial!
Je n'est pas trouver une recette s'atisfesante. Je les trouves trop salée. Comment puis-je les manger?

 
At 20 octobre, 2007 23:31, Blogger Marjete said...

Bonjour Audrey,
Je ne connais pas vraiment de recette utilisant des umeboshis. Normalement, on les mange simplement avec du riz blanc. Tu peux faire des onigiris (boule de riz) )à l'umeboshi par exemple.

Si tu les trouves trop salées, je te conseille les "hachimitsu umeboshi" qui sont au miel et donc plus douces. Bonne dégustation!

 

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