LA LUNE ET LA TORTUE

La lune et la tortue... Aussi differentes que le jour et la nuit, que la France et le Japon...

22 septembre 2006

Le village folklorique d'Hida

Un des grandes attractions de Takayama, c'est le village folklorique d'Hida. Il ne s'agit pas d'un village à proprement parler puisque personne n'habite là-bas (du moins à ma connaissance) mais plus d'un parc où l'on peut librement visiter d'anciennes maisons japonaises provenant de différentes régions.

Les Japonais, ils sont trop gentils: imaginez, on construit un barrage qui va inonder une vallée. Pas de chance, il y a des villages dans la vallée, mais bon, c'est la collectivité qui prime, et la collectivité a besoin d'électricité. On vire les gens de chez eux, et là, catastrophe: on se rend compte qu'une vieille jolie maison est en voie de disparition (un peu comme un animal) et qu'il faut lui sauver sa vie!!! Alors pouf, on la déconstruit et on la reconstruit dans le village folklorique d'Hida. Et après seulement, on inonde la vallée. Ah ah ah... Et comme ça, les touristes comme moi peuvent admirer toutes ces maisons magnifiques provenant de diverses régions du Japon sans avoir à faire un voyage de 20 jours...

Au village floklorique d'Hida, ça commence fort: après avoir acheté son billet , on débouche sur une petite place où l'on peut voir le paysage suivant :

Maison, grenier et même moulin à eau, tout y est pour nous faire replonger dans le Japon d'autrefois. Il faut ensuite suivre un itinéraire qui nous mènera à des dizaines de maisons au toit de chaume datant de différentes époques et provenant de diverses regions.

Beaucoup de gens se rendent au village de Hida pour admirer une maison appellée "gasshô zukuri". "Gasshô"est un mot utilisé pour exprimer la forme des mains jointes lors de la prière tandis que "zukuri" signifie "construction". Les "Gassho zukuri" sont donc des maisons dont le toit de chaume est très pentu, rappelant les mains jointes pour la prière. Ces maisons sont adaptées au climat montagnard japonais: la forme du toit empêche l'accumulation de neige qui pourrait faire s'écrouler la maison (comme cela est arrivé cette année dans des maisons modernes!). De la même façon, la pluie s'écoule rapidement, empêchant le toit de pourrir. Si vous regardez bien sur la photo, vous verrez que la maison, déjà immense, comporte trois étages. Il ne s'agissait pas d'une maison pour une simple famille nucléaire puisqu'elle accueillait 30 personnes! Seules les familles les plus aisées vivaient dans une telle habitation.

Je ne saurai vous parler en détail de toutes les maisons que j'ai visitées... car en effet, il est possible de rentrer dans presque toutes les maisons. A l'intérieur, on laisse toujours des bûches se consumer lentement dans le foyer, d'abord parce que l'odeur du feu aide les visiteurs à se plonger dans le passé, mais surtout parce que la fumée protège les maisons (en en chassant les insectes qui pourraient ronger leur bois et en séchant la toiture). A chaque entrée de maison, on trouvé un plan qui montre la façon dont chaque pièce était utilisée: cuisine, salle à manger, chambres, pièce où l'on se lavait, entrée, grenier, pièce pour le bétail (le chauffage central de l'époque)... c'est très émouvant d'évoluer dans ces maisons en sachant qu'elles ont une histoire, que des gens y ont passé leur vie, que des enfants y sont nés tandis que des vieillards y sont morts, qu'elles sont remplies de joie et de tristesse passés. Malheureusement, on trouve des informations sur l'époque ou l'architecture de la maison mais, mis à part quelques objet de la vie de tous les jours, très peu sur les familles qui y vivaient... Dommage.


J'ai été très frappée par la taille des différentes maisons, en passant par les deux extrêmes:

Maison de riches propriétaires terriens (il y a un homme à gauche pour évaluer sa taille)


Cabane de bûcherons

Et pour finir, un petit sanctuaire que l´on a reconstruit en haut d´une colline.

En somme, une promenade tres sympa...

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05 septembre 2006

Umeboshi, suite et fin


Deux personnes m'ayant demandé des nouvelles de mes umeboshi (merci, ça m'était complètement sorti de la tête), je n'aurai pas l'extrême cruauté de les laisser dans l'ignorance. Et puis en plus, j'adore parler de bouffe sur mon blogounet, alors ça tombe bien.

Souvenez-vous, après avoir lavé mes prunes vertes avec une attention de maniaque, je les avais enfermées dans un bocal avec beaucoup de sel, et écrasées sous un poids pour qu'elles rendent du jus. Bon, alors, voyons la suite...

Quelques semaines plus tard, j'ai ajouté des feuilles de shiso rouge pour leur donner une belle coloration. On peut acheter des feuilles de shiso fraîches mais il faut ensuite les préparer avant de les mélanger aux prunes. Comme je suis une grosse feignasse et que je n'ai pas honte de le dire, j'ai acheté les fameuses feuilles déjà réduites en bouillie et salée (comme si il n'y avait pas déjà assez de sel dans mes prunes!) Il suffit de poser les feuilles sur les prunes de façon à ce qu'elles baignent un peu dans le jus. Très rapidement, les prunes et leur jus vont se teindre en rouge. Il faut laisser le shiso environ deux semaines car il donne un petit goût particulier aux umeboshi.

Normalement, un mois après avoir préparé les prunes, la saison des pluies se termine, le soleil brille et l'on fait sécher ses ume sur ls terrasse. Comble de malheur, cette année, la saison des pluies a duré extrêment longtemps (deux mois !!! Deux fois plus que prévu !!!) et mes prunes ont macéré dans leur jus bien plus intensivement que prévu. D'après ma prof de japonais-conseillère en préparation d'umeboshi "c'est pas grave". Lorsqu'enfin le soleil a pointé son nez (environ une semaine avant mon retour), j'ai égoutté mes prunes et les ai étalées sur une espèce de tamis en bois que l'on trouve dans n'importe quelle boutique à 100 yens qui se respecte . Hop, direction mon minuscule balcon infesté de bestioles en tout genre. Je perche le tamis sur mon tabouret de douche (oui, on se douche assis sur un tabouret ici, c'est très agréable, vous devriez essayer) lui-même perché sur mon unique chaise (pas de problème, je pars en voyage le jour même. Pas besoin de m'asseoir donc). Pour plus de sécurité, j'entoure les pieds de la chaise de poudre anti-bestioles moches dont j'ai fait l'acquisition depuis ma rencontre avec une scolopendre. Et puis je laisse mes prunes à leur sort, au grand soleil - elles ne mourront pas de froid au moins - en priant pour qu'aucun oiseau débile ne trouve là un garde mangé qui tombe à point.

J'aimerais bien vous montrer toutes ces étapes en image. Malheureusement, les photos que j'ai prises sont sur le disque dur de mon ordinateur qui est toujours cassé...

Retour d'un voyage de trois jours, le temps indiqué pour faire sécher les prunes. Celles-ci sont brunes, leur peau est ridée par le soleil. J'en goûte une pour voir. Ce n'est pas mauvais : ça a l'odeur et le goût d'une umeboshi. Malheureusement, ça n'en a pas la consistance: les prunes sont prisonnières d'une gangue de sel cristalisé. Bigre ! Ma recette m'aurait-elle trahie? y aurait-il trop de sel (je ne fais pas durer le suspense: la réponse est "OUI!!!") Pas le temps de me poser de question à ce moment-là: j'achète deux grandes boîtes hermétique et une autre plus petite. Mes valises sont déjà assez lourdes et il m'est impossible d'emporter uhn kilo de prunes. Après avoir rempli la plus petite boîte, je répartis le reste des prunes entre les deux autres. Je partage ensuite le jus des prunes entre les différentes boîtes. En effet, lorsque les prunes sont sèches, il faut les replacer dans leur jus pour les "réhydrater" un peu et surtout pour mieux les conserver. J'espérais également (pas à juste titre d'ailleurs) que la croûte de sel se dissoudrait dans le jus de prune.

J'ai offert les deux plus grandes boîtes à mes deux professeurs principales de japonais, comme promis. L'une d'entre elles avait peur de mourir après avoir ingéré ma production. Il faudrait que je prenne de leurs nouvelles pour savoir si elles sont encore vivantes ou pas, et surtout, pour savoir ce qu'elles ont pensé de mes umeboshi. Quant à moi, j'ai ramené la plus petite boîte dans mes valises. Il faut savoir qu'il est interdit d'importer ou d'exporter des fruits au Japon à cause des parasites qu'ils peuvent transporter. Il est également dangereux d'implanter des espèces végétales dans un milieu dont elles ne sont pas originaires. Cependant, la douane ne m'a pas arrêtée, on ne m'a pas demandé d'ouvrir ma valise (dieu merci, j'ai mis une heure avant de réussir à la fermer en sautant dessus hystériquement en hurlant "TU VAS TE FERMER, OUI ouM****". Tous mes voisins japonais doivent encore être sous le choc...), je n'ai pas été emprisonnée pour trafic illégal de prunes. Mes umeboshi sont arrivées saines et sauves dans notre beau pays.

Quelques jours plus tard, verdict de ma famille, après divers recrachage d'umeboshi expérimentales dans la poubelle et les toilettes : "c'est dégueulasse!" (avis unanimement partagé par ma soeur, mes frères, mon père, ma mère et même notre chien). Commentaire de ma gentille maman "Marjete, ne mange pas ça, ça va te rendre malade. Jette ça tout de suite à la poubelle avant que tu n'empoisonnes quelqu'un !!!" Que voulez-vous, le génie est toujours incompris. Plus sérieusement, je vous rappelle que beaucoup d'Occidentaux ont horreur des umeboshi, qu'elles soient préparées par des japonais ou par moi...

Moi, je trouve que si on ne mange que l'intérieur de mes prunes, ça a le goût et la consistance d'une umeboshi. Pas mal pour un premier essai. Mais je préfère les umeboshi non-préparées par moi. Si vous êtes curieux et souhaitez goûter aux umeboshi, il est possible de vous en procurer dans toute épicerie japonaise qui se respecte. Vous pouvez même en commander sur internet. Préférez les umeboshi au miel, plus douces, pour une première fois, et dites-moi ce que vous en avez pensé...

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