Sushis au thon rouge
La lune et la tortue... Aussi differentes que le jour et la nuit, que la France et le Japon...
voici une petite cloche placée sur un promontoire, à Enoshima. Les couples peuvent faire sonner la cloche ensemble, en hommage à l'amour que se portaient la jeune fille et le dragon.
Ceux qui souhaitent se jurer amour éternel peuvent écrire leur nom sur un cadenas qui sera ensuite attachée pour toujours à une petite barrière située près de la cloche...
Il y en a des milliers et des milliers. C'est émouvant, tout cet amour, non ?
Ensuite, il me demande de quel pays je viens. Au Japon, ça fait toujours classe de dire que l'on vient de France , c'est un pays plutôt bien vu. "furansu kara kimshita" ("je viens de France"). Alors là, le bonhomme, on voit que c'est un pro car il n'a même pas l'air impressionné. J'ai intérêt à me tenir à carreau (ou à carreaux ?!?) Il me dit d'attendre et va chercher un atlas rose (ne me demandez pas pourquoi il est rose) dans la caravane où les autres étudiantes sont en train de se faire aspirer le sang... Il ouvre l'atlas, le feuillette, tombe sur la carte de l'Europe... Et là... paf, le verdict tombe : recalée !!! Pan, prends ça dans les dents ! Nan, mais vous imaginer ça ?!? Encore pire que le permis de conduire. La vache, je ne m'y attendais pas. En parlant de vache, d'ailleurs... J'ai été privée de donnage de sang (mais oui, de donnage, c'est comme le mangeage de choucroute. Suivez un peu) parce qu'on me soupçonnait d'avoir la maladie de la vache folle.
Ca y est ! Je suis allée voir la compétition de sumo. J'ai vraiment adoré, j'aimerais bien y retourner, mais bon, vu le prix des places, c'est pas demain la veille.
C'est écrit en haut à droite sur mon ticket.
Au Japon, ces dernières années, la mode est à la peau blanche. On estime que bronzer est laid et dangereux pour la santé.
Vendredi dernier, je me suis rendue à mon premier "matsuri". Les matsuri sont des festivals religieux - bouddhiste ou shintô, peut importe, très populaires parmi les Japonais. Ce jour-là, c'est l'occasion de participer à des rites religieux, d'acheter à manger dans les différents stand qui proposent des taiyaki, des takoyaki, des yakisoba... , de se retrouver en famille ou avec ses amis, d'admirer un feu d'artifice... Bref, vous l'avez compris, les matsuri sont de très grandes fêtes organisées autour d'un temple ou d'un sanctuaire.Les matsuri ont habituellement lieu en été. Vendredi, ça tombait bien, il faisait vraiment très chaud, on s'y serait cru.
C'est un peu comme la pêche aux canards dans les fêtes foraines françaises... mais c'est bien plus dangereux pour ces pauvres poissons rouges... Les enfants reçoivent une petite épuisette dont le filet est une feuille de papier, ou bien un biscuit en forme de petite coupe. Le but est d'attraper le plus de poissons possibles sans que la feuille trempée ne se déchire ou que le biscuit ne se dissolve. A la fin, les enfants remportent les poissons qu'ils ont attrapés. C'est papa et maman qui vont être contents !
Il y avait un autre bassin où l'on pouvait aussi attraper des têtards et des petites tortues aquatiques. C'est assez cruel, vous ne trouvez pas? Surtout pour les tortues qui passent leur journée à tenter d'escalader le rebord de polystyrène pour reprendre pied un instant. Ils semblent que les Japonais aient des progrès à faire en ce qui concerne les droits des animaux. Et encore, pour le moment, on ne parle que de poissons rouges. Attendez que l'on aborde le sujet de la chasse "scientifique" à la baleine...
Enfin, le meilleur pour la fin: à Nezu, on peut assister à des représentations de taiko. "Taiko" (太鼓 : 太 = tai = gros; 鼓 = ko = tambour) est un mot générique qui désigne tous les types de tambours japonais. Il en existe cependant différentes sortes avec des tailles très variées. On pense que ces tambours sont utilisés depuis plus de 2000 ans au Japon. Ils étaient dès le 16ème siècle utilisés sur les champs de bataille afin d'intimider l'ennemi, transmettre des messages aux combattants et coordonner les mouvements des troupes.
Les taiko étaient également utilisés durant les rites religieux shinto et bouddhiste. Durant ces rites on ne jouait que d'un ou deux taiko: les ensembles n'existaient pas encore. Seuls des hommes choisis par les prêtres avaient le droit de jouer. On trouve encore aujourd'hui des taiko dans les temples et dans les sanctuaires.
Les ensembles contemporains de taiko sont appelés "kumi-daiko" (組太鼓: 組 = kumi = association, assemblée; 太鼓 = daiko = tambour). Ils ne sont apparus qu'au début des années 1950. C'est Daihachi Oguchi, un batteur de jazz, qui est à l'origine du style utilisé par les kumi-daiko. Oguchi avait décidé de jouer du taiko pour les cérémonies du sanctuaire Osuwa mais il a rendu les rythmes plus "jazzy". Il s'est ensuite demandé pourquoi on ne jouait jamais du taiko en ensemble et a rompu avec la tradition en créant le premier kumi-daiko. Aujourd'hui, le taiko est très populaire: on dénombre plus de 8000 kumi-daiko au Japon.
Dans le taiko que j'ai vu à Nezu, il y avait deux enfants qui ont fait pleurer les grands-mères quand ils ont joué. Mais à ma grande surprise, la plupart des joueurs étaient des adolescentes. Les deux petits mis à part, il n'y avait que deux garçons pour huit filles.Comme vous pouvez le constater, ils sont très très forts. Ils jouent à une vitesse incroyable. Le son du tambour s'accompagne de cris poussés par chacun des musiciens. Cela ne se voit pas trop sur la vidéo, mais ils se regardent sans arrêt les uns les autres: j'imagine qu'ils ont une technique pour savoir ce que les autres vont faire ou ce qu'ils doivent jouer... Mais on a l'impression qu'ils improvisent sans arrêt. Ils dansent également en jouant, font de grands moulinets avec les bras. Parfois, ils sautent en tournant sur eux-mêmes. C'est très agréable à regarder et à écouter, je ne me lassais pas. En plus, ils ont l'air de beaucoup s'amuser: ils n'arrêtaient pas de rire tout en jouant. Je suis toujours aussi impressionnée.
Allez, je mets une autre vidéo pour les futurs fans inconditionnels. Si cela vous lasse, pas la peine de regarder.
Et un public captivé...
Autrefois, le 5 mai était appelé "tango no sekku" (端 = tan = premier, 午 = go= cheval, 節句 = festival saisonnier). Il s'agissait donc de la fête du premier jour du mois du cheval durant laquelle les gens accrochaient de longues feuilles à l'entrée de leur maison pour se protéger des catastrophes et se livraient à des jeux guerriers. Après l'époque Kamakura, ces jeux tombèrent en désuétude mais, dans les familles de samouraïs, on consacrait désormais ce jour aux petits garçons qui recevaient une pièce d'armure, symbole de leur croissance.
C'est en 1948 seulement que "tango no sekku" devint jour des enfants. Cependant, les petites filles ayant leur propre fête le 3 mars, on a encore tendance aujourd'hui à considérer le 5 mai comme un jour consacré principalement aux garçons afin que ceux-ci deviennent grands, forts et courageux.
Vous voyez l'aquarium, derrière ? Ces poissons qui grillent y vivaient il y a quelques instants encore...
On les sort de l'eau, et alors qu'ils frétillent encore, on leur traverse le corps d'un bâton. Puis, direction les braises.Et c'est prêt !
Je ne voulais pas tant vous parler du supplice des poissons que vous montrez la famille qui gère cette petite échoppe. Ils étaient vraiment très sympathiques. Le lendemain, alors que je mangeais seule une boule de riz sur l'île d'Enoshima, une mère de famille qui pique-niquait un peu plus loin avec ses enfants est venue m'offrir spontanément des beignet d'encornet qu'elle avait préparés. C'était délicieux. Je voulais simplement témoigner ma sympathie et ma reconnaissance à ces Japonais anonymes, croisés au hasard de mes pérégrinations, si chaleureux.
Encore un étage plus bas, on arrive à la section incendie 2. Or, qui dit incendie, dis fumée. La plupart des victimes d'un incendie ne meurent pas brûlée mais asphyxiées. Sur un écran, "kumeri-kun" (Il s'agit d'un petit dessin animé: un nuage de fumée coiffé d'une casquette. Sébastien a traduit son nom par "Tonton fumée" ce qui nous a encore fait rigoler) nous accueille et nous explique quoi faire en cas d'incendie dans un immeuble. J'ai appris que la fumée se déplace très vite, plus vite qu'un homme. Il y a plusieurs règles à respecter : ne pas courir, ne pas manger (je suis pas trop sûre pour celui là : qui voudrait manger au milieu de la fumée ?!?), ne pas parler, ne pas revenir en arrière. Il faut se couvrir le visage avec un mouchoir, marcher accroupi et suivre les panneaux lumineux qui indiquent la sortie. On doit ensuite effectuer le parcours suivant et sortir sain et sauf.
Evidemment, il est rempli d'une fumée opaque qui pue et qui pique la gorge. En même temps, c'est bien parce que la vraie fumée ne sent pas l'eau de cologne à ce qu'il paraît. Nous, on a l'air con, parce qu'on a juste des mouchoirs en papier. Ca n'arrête pas trop la fumée toxique, le mouchoir en papier. Les Japonais ont toujours une petite serviette éponge avec eux car la plupart du temps, il n'y a pas d'essui-mains dans les toilettes publiques. On a bien rigolé (même si je pense que ça fait partie des choses à ne pas faire dans la fumée. On respire fort quand on rigole...), c'est assez angoissant ce couloir où on ne voit rien. On a même aidé le couple qui était avec nous et qui avait perdu le fil des panneaux lumineux. Comment on est trop fort !
Enfin, on arrive à ce que l'on attendait tant : la simulation de tremblement de terre. Sur une petite plateforme, on a reproduit une cuisine: il y a un chauffe-eau à gaz, une armoire, une table, une chaise et une porte. Vous qui vivez loin du danger, qui n'avez jamais vécu de séisme, vous ne savez sans doute pas quoi faire au cas où il y en aurait un en France, hein? Heureusement, Marjete est là pour vous aider. Tout d'abord, il faut éteindre le gaz. Dans les grands tremblements de terre du Japon, beaucoup ne sont pas morts dans le séisme lui-même mais dans les incendies qui l'ont suivi. Il faut ensuite ouvrir une porte: si une maison se déforme lors d'un séisme, il arrive que ses occupants ne puissent plus ouvrir la porte après et se retrouvent bloqués à l'intérieur. Il faut ensuite se cacher sous la table en mettant un coussin sur votre tête. Si votre maison s'écroule, la table ne résistera pas, hein... C'est juste pour éviter de se faire écraser sous le vaissellier de Tata Yvonne et pour éviter les fragments de verre lorsque vos fenêtre exploseront.
A la fin de la visite, on reçoit un diplôme : youpi, nous somme tous les deux prêts à affronter tous les dangers japonais, les Yakuzas mis à part. Sébastien jubile: "imagine, s'il y a un incendie, et c'est nous qui montrons au japonais quoi faire..." pendant que je prie pour que mon bureau soit vraiment très très très solide.
PS: je ne sais pas pour les autres utilisateurs, mais moi, blogger commence vraiment à me courir sur le haricot. Non seulement les sauts de ligne n'apparaissent plus, ce qui est très désagréable pour la lecture - mais en plus, très régulièrement, je ne peux même pas poster de billet ! Avez-vous les mêmes problèmes ou bien une solution ?