LA LUNE ET LA TORTUE

La lune et la tortue... Aussi differentes que le jour et la nuit, que la France et le Japon...

28 février 2006

Mardi Gras

Aujourd'hui, c'est Mardi Gras. J'adore les fêtes pseudo-chrétiennes où on bouffe: Noël, la Chandeleur, Mardi Gras, Pâques... J'avais déjà fait des crêpes pour la Chandeleur mais cette fois, avec Perrine, ma voisine française, on avait décidé de faire les choses en grand. Sauf que le mardi soir, on a toutes les deux cours jusqu'à 19h et puis comme beaucoup de gens habitent assez loin, on a décidé de faire ça le samedi. C'était samedi gras. On a invité plein de monde pour fêter ça. Enfin, moi, j'ai invité 3 amis et aucun n'a pu venir (bande de lâcheurs!). Heureusement, Shannon, ma voisine des USA et Maho et Naoko avec qui j'organise habituellement mes "samedis gastronomie" (Ah, je ne vous en ai jamais parlé? Et ben elles viennent chez moi, le samedi soir, avec Sayaka. On cuisine vaguement français et on déguste tout ça devant un film français. Je me la joue hachement ambassadrice culturelle) étaient là.

Avec Perrine, on avait décidé de faire des ateliers: un atelier crêpes et un atelier beignets. Comme ça, les filles qui étaient déjà venues à notre soirée crêpes pouvaient assister à la confection des beignets. C'est beau l'organisation quand même.

Alors j'ai préparé une pâte à crêpes, une pâte pour pets-de-nonne (ça les a bien fait rire quand on a tenté de traduire ce nom) et une pâte pour beignets aux pommes. Moi, j'ai du faire les beignets. Bon, je suis meilleure pour faire les crêpes mais tant pis. Et puis finalement, je n'ai pas fait grand chose...


Shannon se poile tout le temps :-D

Comme pour vous, il reste un peu de temps pour fêter Mardi Gras, je vous donne mes recettes. La pâte à crêpe, c'est la recette de ma Môman et puis celles des beignets, je les ai prises sur
marmiton. Comme ça, ça vous évitera de faire une recherche et de tomber sur 12 000 recettes qu'il faudra trier.

Pâte à crêpes (je ne sais pas pour combien de personnes)

- 250 g de farine
- un peu de sel
- 3 oeufs
- 500 à 750 ml de lait
- 3 cuillères à soupe d'huile
- une cuillère à café de sucre
- du rhum (optionnel, mais avouons le, ça change vraiment tout)

1) Dans un grand récipient, versez la farine et le sel.
2) Ajoutez les 3 oeufs et fouettez/mélangez jusqu'à ce que la pâte soit lisse. Attention, ne faite pas la feignasse comme moi à la Chandeleur: ça doit vraiment être lisse sinon il y aura des grumeaux. D'ailleurs en passant: invitez un copain ou votre amoureux/amoureuse pour le faire participer joyeusement au mélangeage d'ingrédients. De cette façon, vous n'aurez pas trop bobo au bras et vous pourrez faire la pâte à beignets juste après.
3) Quand c'est lisse, vous rajouter le lait petit à petit en mélangeant bien. Et puis tout à la fin: le sucre, l'huile et le rhum. Et puis après, vous savez quoi faire.


Pets-de-nonne

- 1 cuillère à café de sel
- 1 cuillère à soupe de sucre
- 1/4 de litre d'eau
- 150 g de farine
- 70 g de beurre
- 4 oeufs
- cannelle (si on veut)
- huile pour frire (beaucoup)

1) Dans une casserole, mettez l'eau, le beurre, le sel, le sucre, la cannelle et faites bouillir.
2) Hors du feu, versez la farine d'un seul coup puis mélangez bien jusqu'à ce que la pâte ne colle plus à la casserole.
3) Ajoutez les oeufs un par un en mélangeant bien entre chaque. La pâte doit rester lisse.
4) Dans une poêle ou une friteuse, mettez l'huile à chauffer.
5) Formez des boules de pâte à l'aide d'une grande cuillère puis faites les frire de chaque côté jusqu'à ce qu'elles soient bien dorées.


Beignets aux pommes

- 300 g de farine
- 100 g de sucre (moi, j'ai trouvé ça trop sucré: vous pouvez en mettre beaucoup moins, genre 50 ou 75 grammes)
- 200ml de lait
- une cuillère a café de levure
- cannelle (si on veut)
- 2 oeufs
- des pommes (nous, on en a utilisé 5 grosses et une banane)
- la même huile que pour les pets-de-nonne

1) Dans un grand bol mettez la farine.
2) Faites un puit et ajoutez le sucre, le lait, les oeufs, la levure, et la cannelle (si on veut). Touillez bien toujours jusqu'à ce que ce soit bien lisse.
3) Epluchez les pommes, enlevez le trognon et coupez la en tranche: si vous avez compris, vous devriez vous retrouvez avec des rondelles de pommes.
4) Faites chauffer l'huile dans une friteuse ou une poêle.
5) Trempez les dans la pâte puis faites les frire jusqu'à ce qu'elles soient dorées.



Petits conseils aux débutants:

1) Si vous laisser reposer la pâte, c'est mieux. Surtout la pâte à beignets: elle sera plus consistante, ce sera plus fastoche

2) En sortant les beignets, placer les entre deux feuilles de papier essuie-tout pour absorber le trop-plein d'huile. Puis saupoudrez immédiatement de sucre en poudre ou de sucre glace.

3) Ne jetez pas votre vieille huile de friture dans l'évier. C'est très vilain!

4) Attention, message de ma voisine Shannon (qui a mis le feu a une de ses casseroles et ne savait pas quoi faire. Heureusement, Super Marjete était là! Toujours à la rescousse!!!) La friture, c'est dangereux. Faites attention à l'huile chaude. N'utilisez pas de casserole comme friteuse: la poêle est plus sûre. Si ça prend quand même feu, en balancez pas d'eau dans l'huile ou bien ça vous explosera à la tronche: recouvrez d'un couvercle pour étouffer le feu.

5) Ne mettez pas trop de beignets à la fois lorque vous les faites frire, sinon ils se colleront les uns aux autres.

5) Vous allez prendre 12 kilos ce soir: mangez léger le lendemain.

6) J'avais d'autres conseils à vous donner, mais finalement, j'ai oublié.

En fait, je n'ai pas fait grand chose à part la pâte: Maho et Naoko se sont occupées de tout. Marion, elle s'occupait de placer les beignets dans un saladier et d'éplucher les pommes. Moi de les saupoudrer de sucre et de couper les pommes. Quant à Shannon, elle 'est occupée de la musique et elle est championne pour enlever les trognons des pommes. Quand on a eu fini, on s'est tous rassemblés, on a bien mangé et on a passé une bonne soirée. Posted by Picasa

Ah oui, j'ai oublié de vous dire que l'on s'est tous plus ou moins déguisés. A votre avis? Qui a eu l'idée la plus pourrie?!? C'est bibi!!!

27 février 2006

木- Arbres (2)

Cette fois, ça devrait marcher: "cliquez pour agrandir l'image" ;-) (et descendez pour voir les nouveaux billets)


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Kamakura: le Grand Bouddha

Bon, voila, j'arrête avec les cours d'histoire que vous devez trouvez un peu casse-pieds. Mais je pensais qu'entendre parler du Grand Bouddha de Kamakura sans connaître un peu l'histoire du mouvement bouddhiste au Japon aurait été comme manger du fromage sans pain (ce serait quand même bon, mais on se dirait qu'il manquerait quelque chose. Oh la la, on dirait une parabole de la bible... Il faut que je me calme).

A présent braves gens, oyez oyez l'histoire du daibutsu de Kamakura (大 dai= grand; 仏 butsu = bouddha).

Pour se rendre jusqu'au Grand Bouddha qui se trouve du côté ouest de la ville, nous empruntons (toujours Sayaka et moi) une petite ligne de chemin de fer vieille de 100 ans! Pour passer d'un quai à l'autre, il faut traverser la directement la voie. Il n'y a pas de machine pour compter les billets comme dans les gares habituelles: il faut montrer son billet au chef de gare (au Japon !!!)Mis à part au niveau des gares où deux voies se font face, sur tout le reste du chemin, il n'y a qu'une voie. La circulation se faisant dans les deux sens, le train est obligé d'attendre l'autre train pour pouvoir continuer son chemin (j'explique pas très bien mais vous pouvez mieux comprendre avec la photo).



A certains endroits, nous passons entre deux rangées de maisons très rapprochées l'une de l'autre. Sayaka m'a raconté que lorsque les gens font sécher leurs futons à la fenêtre, le conducteur du train est obligé de s'arrêter et de descendre décrocher les futons pour que le train puisse passer!


Du train, on aperçoit également la mer, mais comme il y a une autoroute entre le rivage et la voie ferroviaire, les photos sont moches.

Il faut descendre à la station Hase et marcher environ 10 minutes avant d'arriver au Daibutsu. Evidemment, l'entrée est payante (seulement 200 yens = moins de deux euros).

Tiens, ici aussi on retrouve une petite fontaine bien semblable à celle du sanctuaire Hachimangu...

Après s'être lavé les mains et la bouche, on débouche sur une grande cour au fond de laquelle se tient le Grand Bouddha. Pas de promenade dans un petit jardin, pas de chemin sinueux: je tombe sur lui avec plaisir, soudainement. Il est immense, sous le ciel, au pied d'une colline boisée. Il a les yeux fermés, les mains jointes, en pleine méditation...

Le Grand Bouddha est une statue apaisante. J'ai l'impression de voir une réplique de l'arbre millénaire du sanctuaire Hachimangu: aussi grands, aussi paisibles l'un que l'autre bien que vénérés par des religions différentes, et pourtant si profondément liées au Japon. Ils me donnent tous les deux la même impression, m'invitent tous deux au respect et à la paix. Je me sens bien mieux dans ce genre d'endroit, à ciel ouvert, qu'enfermée dans une église.

La taille du Daibutsu varie en fonction des sources: entre 11 et 15 mètres. Il est le deuxième plus grand bouddha du Japon après celui de Nara. La statue représente Amida Nyorai (ah, Amida, vous vous souvenez? Celui qui a promis de sauver tout le monde) La statue pèse 93 tonnes. Sur sa tête sont sculptée 656 boucles de cheveux: une caractéristique traditionnelle typique aux statues d'Amida.

Habituellement, les statues de Bouddha se trouvent dans un temple. D'ailleurs, c'était le cas du Daibutsu de Kamakura: autrefois, il était protégé par un énorme temple. Mais celui-ci fut détruit par un raz-de-marée au 15ème siècle et depuis, le Bouddha médite en plein air. Il était autrefois recouvert d'une couche d'or qui a disparu depuis longtemps maintenant. La statue du Daibutsu de Kamakura fut moulée en 1252 et a résisté aux raz-de-marée, aux incendies, aux séismes et aux typhons depuis lors. Aujourd'hui, le Daibutsu repose sur un socle absorbant les chocs sismiques.

Les élèves d'une classe de primaire ont fabriqués des sandales de corde pour le Grand Bouddha: ainsi, si il souhaite d'en aller, il ne sera pas nu-pied. Les sandales sont accrochées juste à côté du coin fumeur.



Et puis j'aime bien cette photo (regardez le petit garçon assis devant):



Après cette visite, on a repris le petit train et on a continué à longer la côté en s'éloignant de Kamakura. On voulait voir la mer. Bien qu'habitant sur une île, je n'ai vu la mer qu'une seule fois, lorsque je suis allée à Daiba... Franchement, ça ne ressemblait pas à la mer, c'était moche et déprimant. Cette fois, j'ai été gâtée. Au début de l'année, Sayaka m'avait prévenue: elle était nulle pour me faire visiter Tôkyô, mais elle pouvait me montrer de belles plages. Et ben elle avait raison sur un point (ben oui, elle est pas nulle pour faire visiter Tôkyô!).

La mer japonaise sent comme la mer française.

Le sable était noir... Sable volcanique?



Et puis encore une dernière photo pour la route, juste pour le plaisir...


Je retournerai sûrement à Kamakura car il reste encore tant de choses à voir... Notamment des temples bouddhiste. Après vous avoir fourni le mode d'emploi d'un sanctuaire shintô, j'espère faire la même chose pour le temple bouddhistes.

26 février 2006

Mini introduction (chiante) au bouddhisme japonais

Aujourd'hui, nous allons nous intéresser au bouddhisme au Japon. Evidemment, de façon très superficielle: si vous voulez en savoir plus sur le bouddhisme, mieux vaut vous rendre immédiatement dans une librairie et acquérir un ouvrage spécialisé sur l'histoire religieuse nippone. Mais si vous voulez juste en savoir un peu pour pouvoir frimer devant vos copains, du genre "eh, tu sais comment s'est créé le zen, toi?", alors, vous vous trouvez au bon endroit!
Cependant, si la seule chose qui vous intéresse est de savoir ce que j'ai fait à Kamakura après avoir vu le sanctuaire Hachimangu, vous pouvez dès maintenant sauter ce billet: je ne vous en voudrai absolument pas...
Le bouddhisme est la deuxième religion du Japon mais contrairement au shintô, il n'est pas né dans ce pays. Originaire d'Inde du nord, le bouddhisme s'est étendu, au fil des siècles dans toute l'Asie: Mongolie, Tibet, Asie Centrale, Indochine, Indonésie, Chine, Corée, et de là: au Japon. Officiellement, le bouddhisme est "apparu" au Japon en 538 du fait du rapprochement du pays avec la Chine. Cependant, les immigrants coréens de l'époque pratiquaient déjà le bouddhisme avant cela.
L'arrivée du bouddhisme ne se fit pas toujours en paix: certains clans en rejetèrent les idées avec violence: l'affrontement entre partisans du shintoïsme et partisans du bouddhisme dura 35 ans et s'acheva par une guerre civile en 587 que le clan Soga, bouddhiste, remporta. A partir de là, bien que les deux courants s'affronteront encore occasionnellement, il était désormais hors de question d'effacer le bouddhisme au Japon.
D'ailleurs, à partir de l'époque Kamakura le bouddhisme et le shintoïsme s'entremêlent de plus en plus: le bouddhisme reconnu à cette époque l'existence des"Kamis", les considérants comme des avatars de Bouddha. Aujourd'hui, il est parfois difficile de savoir si l'on se trouve face à un temple ou face à un sanctuaire puisque des éléments des deux religions cohabitent parfois au sein d'un même édifice! On retrouve d'ailleurs ce même syncrétisme au sein des familles qui se disent à la fois shintô et bouddhistes.
Mais autrefois, le bouddhisme était une religion intellectuelle à laquelle seules les hautes castes avaient réellement accès du fait de sa spiritualité. Répondant peu aux attentes que pouvait avoir le petit peuple durant ces temps troublés et violents, il lui était assez inaccessible. Même si l'adoption des kamis shintô par le bouddhisme a aidé à sa popularisation, le bouddhisme va réellement se développer parmi l'ensemble de la population grâce à des réformateurs qui vont faire du bouddhisme japonais un courant de pensée plus proche du petit peuple. Ces réformes auront principalement lieu durant l'époque Kamakura:
1) Le zen
Selon les traditions, le zen vient d’Inde, de l’école dhyâna. On possède très peu de renseignements la concernant : l’accent y est mis sur les disciplines corporelles et des exercices pratiqués par des ascètes. La doctrine est amenée en Chine au 6e siècle par un moine indien et donne naissance au ch’an 禅 (lu "zen" en japonais). La doctrine zen est imprégnée d'une bonne dose de taoïsme (venu de Chine). Il s’agirait du rejet de la pensée indienne, et de la logorrhée prolixe de sa rhétorique, par les lettrés chinois, qui valorisent la concision de l’expression, de la pensée, et l’économie de la parole (ça en jette!). La recherche de la vérité dans la spontanéité des réactions avec l’environnement et la méditation personnelle marque une critique de la culture livresque. L’accent est mis sur le contrôle du corps qui va de pair avec le contrôle de l’esprit. Il s’exprime par la pratique d’exercices quotidiens et triviaux. Les exercices de méditation donnent naissance au zazen ("zen assis"). Le but est de parvenir à l’éveil, le "satori", c’est-à-dire l’état de bouddha atteint dans ce monde.
L’importation du zen au Japon est l’œuvre du moine Eisai (1141-1215). Comme tous les grands réformateurs de Kamakura, il appartient au Tendai (une des deux sectes bouddhistes les plus importantes à l'époque).
Eisai, après un séjour en Chine se convertit au zen et est ordonné moine. Revenu au Japon, il décide de réformer le Tendai, mais est mal accueilli et se voit exclu de la secte et chassé de Kyôto. Il commence alors à prêcher et se rend dans l’autre capitale, Kamakura, où il fait publier le kôzen-gokoku-ron (« Discours sur la protection du pays par l’élévation du zen »), reprenant l’argument classique selon lequel le bouddhisme aurait pour rôle d’assurer la prospérité du pays. Il reçoit un accueil favorable et la protection de Hôjô Masako et Minamoto no Sanetomo qui l'autorisent à construire des temples. C'est ainsi qu'il fonde la première secte zen du Japon.
Le zen, mettant l'accent sur la maîtrise du corps en accord avec l'esprit, la non-nécessité d'être moine va séduire la classe guerrière, rompue aux exercices physiques. Il y a interpénétration entre la doctrine bouddhique et les mœurs guerrières (ex. : le kyudô, parfois appelé "tir à l’arc zen"). Le zen a également eu une énorme influence sur les arts japonais (peinture paysagère, littérature, poésie, cérémonie du thé...), bien qu'il ne soit pas la secte la plus populaire du Japon: en effet l’exigence de la discipline zen limite son implantation dans la population.
2) L’amidisme
Le bouddhisme s’appuie sur la croyance en de nombreux bodhisattva rédempteurs. Les plus célèbres sont : Kan’on (le bodhisattva de la miséricorde), Miroku (le bodhisattva du futur) et Amida (bodhisattva de la Terre Pure de l’Ouest), également le plus populaire. En effet, Amida a fait le vœu de sauver tous les hommes, quelles que soient leur condition ou leurs actions, en les accueillant dans le Paradis de l’Ouest et est très populaire parmi les castes les plus basses.
La réforme décisive qui conduira au mouvement amidiste est menée par le moine Hônen (1133-1212): à 43 ans, il a une révélation en lisant un passage qui recommande la répétition du nom du bodhisattva Amida. En effet, Hônen considère qu’il est illusoire de penser que l’on peut encore saisir quoi que ce soit à la vérité profonde du bouddhisme. Pour lui, la seule solution pour être sauvé est de répéter le nenbutsu (invocation à Amida), Amida ayant promis de sauver tous ceux qui croient en lui.
Il commence à prêcher dans une période troublée par l’insécurité, l’inquiétude sociale, et appelle à l’urgence de la conversion. Le culte d’Amida marque un tournant dans le bouddhisme japonais : ce n’est plus la pratique, mais la foi qui est importante. Il s’agit d’une véritable hérésie, extrêmement mal accueillie par le Tendai, car insinuant l’inutilité des monastères. Hônen est exclu du Tendai et exilé. Il fonde le Jôdo-shû , la « secte de la Terre Pure ». Son action a déclenché une crise grave au sein du Tendai, après qu’il ait dénoncé l’hypocrisie et le manque de compassion des moines. Il entame une polémique avec les moines zen, car il considère les exercices physiques inutiles et inaccessibles à la majorité de la population. Ses adversaires lui vouent une haine profonde, sa tombe sera profanée par des moines du Tendai.
Hônen lance un mouvement de conversion en prêchant publiquement. Son souci est de convertir la plus large partie de la population, y compris les hinin ("non-humains": équivalent des "intouchables" dans le système de caste japonais) qui d’après lui, parce qu’ils souffrent le plus, ont le plus besoin de la grâce d’Amida. Malgré les persécutions, l’amidisme connaît un succès très rapide. Les disciples de Hônen s’attachent aux populations mouvantes: l’espoir offert à toutes les couches sociales et l’attachement de Hônen et son disciple Shinran à répandre leur doctrine expliquent l’immense succès de l’amidisme, au sein même des populations les moins instruites. Aujourd'hui, la secte de la terre pure est la secte la plus populaire au Japon.
3) Nichiren
De tous les réformateurs, Nichiren (1222-1282) est le seul à avoir fondé une doctrine bouddhique proprement japonaise, qui ne doit rien à la Chine. Il se rend au temple principal du Tendai, en plein développement des crises amidistes. Il se range vite aux côtés de l’orthodoxie dont il réaffirme la légitimité. Le Tendai incorpore dans sa doctrine tous les textes bouddhiques qu’il subordonne cependant au Sutra du Lotus, sensé délivrer la vérité du bouddhisme. Cependant, il faut souligner que le Sutra du Lotus est un texte long et compliqué, rédigé en chinois classique, donc difficile d’accès pour la majorité des gens.
Nichiren considère que les hommes doivent se tourner uniquement vers le bouddha historique, Sâkyamuni (Shaka en japonais). Prier Amida revient non seulement à se comporter comme des fils indignes de Shaka, mais est de plus inutile. Mais Nichiren va plus loin : il veut interdire l’étude des autres textes, des autres doctrines. La décadence étant proche, il déclare qu’il n’y a plus de temps à perdre dans l’étude, ou la méditation, rejetant par là-même le zen.
Il retourne dans son temple d’origine gagné à l’amidisme, puis, expulsé, se rend à Kamakura, à l’instar de presque tous les réformateurs de l’époque, en espérant gagner les dirigeants guerriers à sa cause.
Constatant la recrudescence des catastrophes naturelles, Nichiren y voir un signe de la décadence, et du fait que les Japonais, qui ont cessé de révérer le Sutra du Lotus, en subissent déjà les châtiments dans cette vie. En 1261, Nichiren reprend l’idée traditionnelle de l’efficacité du bouddhisme pour protéger le pays, en demandant aux Hôjô d’abandonner les autres religions, comme le zen, pour imposer une religion d’Etat unique. Devant le peu de considération réservé à son discours, Nichiren, qui a déjà envoyé des lettres d’insultes aux autres moines, envoie les mêmes missives imprudentes aux dirigeants. Il est exilé sur l’île de Sado.
C’est à partir de l’exil à Sado que naît et se structure le mouvement propre à Nichiren. Il y rédige des traités, et envoie des lettres à ses fidèles. Un de ses traités les plus connus est la « Lettre pour ouvrir les yeux » dans laquelle il développe les points qui fondent la supériorité du Sutra du Lotus.
Après trois années passées à Sado, il se rend à Kamakura, où il met en garde les autorités contre la menace mongole qui se fait de plus en plus pesante, mais n’est pas écouté. Il se retire alors pour attendre la catastrophe finale. Mais les Mongols sont battus à deux reprises et repoussés définitivement de l’archipel. Nichiren développe alors sa doctrine en lui donnant un caractère universel, tout en centrant la religion du Sutra du Lotus sur lui et sur le Japon: ce pays a une mission, celle de répandre cette nouvelle religion sur toute la terre.
Cette ambition ne trouvera sa véritable réalisation qu’au 20e siècle.Les sectes de Nichiren, appelées Nichiren-shû ou Hokke-shû, regroupent de nombreux mouvements. Après sa mort en effet, les disciples de Nichiren se sont affrontés en de fréquentes disputes. A la différence de l’amidisme plutôt présent dans les campagnes, le Hokke-shû s’implante bien en milieu urbain, puisque le daimoku, prétendument efficace pour recevoir des profits dans ce monde, avait tout pour séduire les marchands.

25 février 2006

Kamakura: le sanctuaire Hachiman-gu

Enfin! Chose promise, chose due: la première partie du billet sur Kamakura, une semaine après ma visite là-bas. Mais j'ai fait mon boulot: j'ai cherché pleins d'infos sur les sanctuaires et sur les grosses cordes par exemple... Grâce à moi, vous allez enfin savoir plein de trucs sur les sanctuaires shintô (je ne mets pas de "s" parce que c'est un mot étranger) et puis sur le bouddhisme japonais dans la deuxième partie. Avouons le, vous n'auriez pas pu continuer à vivre sans ces informations vitales. Mais comme j'ai une âme de prof à 80% et une âme de touriste à 18% (les 2% qui restent, je sais pas trop ce que c'est), et puis aussi parce que j'avais emmené mon appareil-photo, vous ne devriez pas vous ennuyer plus que d'habitude.

Mais bon, commençons par le commencement.

Samedi dernier, avec ma popine Sayaka, on avait décidé d'aller à Kamakura ensemble. Enfin bon, je vous retransmets notre conversation:

Moi (avant les vacances, super motivée): "Sayaka!!!!! Pendant les vacances de printemps, je voudrais aller à Nikko!!!!!! Tu voudrais pas venir avec moi?"
Saya: "Oh, euh... Tu sais, j'y suis déjà allée plein de fois..."
Moi (déçue): "Ah bon? Et à Kamakura? Tu voudrais y aller?
Saya (rayonnante de joie, un grand sourire aux lèvres): "oh oui!!! On y va!!!"

Par la suite j'ai appris que son collège et son lycée étaient juste à côté de Kamakura et qu'autrefois, elle passait par là tous les jours pour s'y rendre. Je me suis dit que ça devait vraiment un endroit formidable pour qu'elle ait envie d'y retourner. Et puis en plus, connaissant bien les environs, ce serait intéressant qu'elle me serve de guide (je vous ai bien dit que je jouais la touriste).

Bon, je rechausse mes demi-lunes et recommence à jouer les professeurs d'histoire-géo du collège. Ceux que ça ennuie, peuvent sauter ce paragraphe : "Kamakura, ville de temples, de sanctuaires et de collines boisées fut la capitale du Japon de 1192 à 1333" (les dates varient en fonction des bouquins). Même que ça s'appelait la période Kamakura. Bon, comme j'ai un peu la flemme de vous parler de l'histoire de Kamakura (ben oui, quoi, ça peut arriver à tout prof d'histoire), si vous voulez tout de même en savoir un peu plus, vous pouvez toujours vous rendre ici, où vous trouverez un résumé du cours d'histoire que les étudiants en première année de japonais doivent apprendre. Mais bon, perso, je vous oblige pas parce que c'est un peu long et, un peu compliqué (par exemple, comme ça fonctionne par clans, tout le monde a le même nom!!! Alors bonjour pour les distinguer.) et puis ça n'a pas grand chose à voir avec le sujet de départ.

Pour les amateurs de géographie et les curieux qui se disent "Kamakura? Morbleu! Mais où cela se trouve-t-il?" voici un petit aperçu avec une photo toute pourrie de mon guide:


Kamakura se trouve sur le littoral, au sud de Tôkyô. On peut d'ailleurs d'y rendre avec les trains de banlieue ce qui est ben pratique, ma foi. Moi j'ai mis deux heures à l'aller et deux heures et demi au retour.

Je retrouve Sayaka à la gare et c'est parti mon kiki pour une journée de tourisme déchaîné.

Nous prenons une très longue rue appelée Wakamiya-Oji. Au printemps, les Japonais s'y promènent avec plaisir au milieu des cerisiers en fleurs. En hiver cependant, le touriste se fait rare, les arbres nus et les flaques d'eau gelées ne rendant pas la promenade particulièrement passionnante.

Wakamiya-Oji part de la plage de Yuigahama et conduit au sanctuaire Tsurugaoka Hachiman-gu. Il semblerait que ce soit le premier shogun de l'époque Kamakura: Minamoto Yoritomo, qui ait fait construite cette rue le long de laquelle on pouvait prier pour que sa femme, Hojo Masako, accouche sans problème. Bon, je ne sais pas si c'est vrai parce que construire une telle rue en 9 mois, à l'époque (au 12ème siècle, voyons. Il y en a au fond qui ne suivent pas), ça me parait un peu dingue... Mais tout est possible au Pays du soleil levant... Bref...

Le long de la rue, il y a des tonnes de boutiques, de petits restaurants. Et puis comme toujours au Japon, il y a des magasins avec des noms en "franponais". Vous pouvez en trouver quelques exemples dans l'album-photo du même nom que je mettrai régulièrement à jour.

En parcourant Wakamija-Oji (la grande rue), nous passons sous trois grands toriis rouges. Ce sont de grandes portes qui permettent d'indiquer que nous approchons d'un sanctuaire shintô. Elles sont souvent faites de bois peint en orange et noir mais il est aussi possible d'en voir en bronze, en pierre voire même en ciment.

A l'entrée du temple, il y a une petite fontaine avec des louches afin de se purifier avant de prier: il faut se nettoyer les mains et la bouche. D'abord, on prend la louche de la main droite, on prend un peu d'eau et on arrose sa main gauche. Ensuite, on fait passer la louche dans la main gauche puis l'on nettoie la main droite. Enfin, on reprend la louche de la main droite, on verse de l'eau au creux de sa main gauche (on ne boit pas à même la louche, ce ne serait pas très sympa pour ceux qui viennent après!), on aspire l'eau et on la recrache dans le fossé qui entoure le bassin. (attention: il ne faut pas boire l'eau: on n'est pas là pour se désaltérer mais pour se purifier ) Ensuite, on replace la louche à sa place.

Devant chaque sanctuaire Shintô, on trouve deux statues de chiens-lions appelés "komainu". Ils sont là pour garder le temple. L'un d'entre eux a la bouche ouverte et se nomme "a"; l'autre à la bouche fermée et se nomme "un". Il faut passer entre eux pour accéder au temple. Dans le cas du sanctuaire Hachiman-gu, à Kamakura, le temple se trouvant en haut d'une colline, "a" et "un" se trouve au pied d'un escalier de pierre.

Sur la gauche de l'escalier se trouve l'arbre le plus incroyable que j'ai jamais vu! Il est énorme, des dizaines de branches partent de son tronc dans tous les sens. C'est la première fois que je vois un arbre aussi désordonné. Mais en même temps, il est tellement majestueux, impressionant: en le voyant, on se sent minuscule et très jeune. C'est un arbre respectable.

D'ailleurs, les Japonais ne s'y sont pas trompés: cet arbre est entouré d'une épaisse corde de paille à laquelle pendent des zigzags de papier blancs. Ce type de corde se nomme "shimenawa". Les Japonais accrochent des cordes identiques à leur porte le jour du nouvel an. Cette corde permet de délimiter le sacré. Il semblerait qu'à ses débuts, le shintoïsme n'ayant aucun sanctuaire ou autre édifice dédié au culte, les lieux considérés comme sacrés étaient simplement délimités par ce type de corde.

Je me suis renseigné sur cet arbre: il s'agit d'un ginkgo biloba que l'on dit millénaire (honnêtement, ça ne m'étonnerait pas: cet arbre est tellement biscornu qu'il a l'air tout droit sorti d'un film de Miyazaki!). D'après la légende, au début du 13ème siècle, le shogun de l'époque fut assassiné devant cet arbre: son assassin s'était dissimulé derrière.


Dans la plupart des sanctuaires shintô, on trouve également un endroit destiné aux danses ou à la musique. Malheureusement, celui du sancutaire Hachiman-gu, au bas des escaliers est actuellement en travaux donc... pas de photo.

Après avoir monté les marches, nous nous retrouvons devant le bâtiment principal du sanctuaire. Les sanctuairess Hachiman sont dédiés au "kami" (que l'on traduit approximativement par "divinité") de la guerre et des archers. Ces sanctuaires étaient donc assez populaires parmi les guerriers durant l'ère troublée que fut l'époque de Kamakura. Le "kami" Hachiman était d'ailleurs le "kami" tutélaire du clan Minamoto, fondateur du shogunat de Kamakura. Le sanctuaire Hachimangu de Kamakura est l'un des sanctuaires les plus prestigieux du Japon. Il fut à l'origine construit au bord de la mer en 1063 puis fut transféré à son emplacement actuel en 1191. Il fut reconstruit dans le style d'Edo en 1828. Du haut de la colline, on aperçoit tout Kamakura. Au printemps, on peut également admirer la Wakamiya-Oji bordées de cerisiers en fleurs.

Après avoir admiré la vue, nous nous engageons dans le "haiden". Un sanctuaire shintô se sépare en deux parties, parfois situées dans des bâtiments différents:

1) le "honden", le bâtiment principal, se trouve un objet ("shintai", qui signifie substance de la personne, du kami dans ce cas) abritant le "kami" (la divinité) auquel le temple est dédié. Cet objet est souvent un miroir: il n'y a donc pas de réelle représentation du kami. Le "honden" est très dépouillé, contrairement aux autels bouddhistes. Le public n'a pas accès au "honden".

2) le "haiden": l'oratoire, l'endroit où les croyants peuvent s'adresser au "kami". On y trouve également un autel très sombre. Devant l'autel se trouve toujours une boîte en bois qui permet de faire des offrandes afin de réaliser un voeu: on jette une pièce dans la caisse puis on s'incline deux fois. Ensuite, on tape des mains, toujours deux fois. C'est alors le moment de faire un voeu ou une prière que l'on finira par une dernière inclinaison. Dans certains temples, on trouve également face à l'autel une cloche reliée à une grosse corde. On fait tourner la corde qui fait sonner la cloche: cela permet d'attirer l'attention du kami avant de lui demander quelque chose.

Près des sanctuaires shintô, on trouve également des stands où l'on peut acheter toutes sortes de choses: tout d'abord, des tablettes votives appelées "ema". Elles sont en bois avec un petit dessin au recto (un chien blanc dans ce cas). On écrit son voeu au verso de la tablette puis on la suspend avec les autres. Les prêtres du sanctuaire prieront pour que ces voeux se réalisent. Dans les sanctuaires très visités, on trouve des tablettes dans toutes les langues. Avoir accès aux voeux les plus chers de gens inconnus: c'est vraiment quelque chose d'émouvant.


Dans les stands, on trouve également des "omamori": des amulettes porte-bonheurs. Il s'agit la plupart du temps de petits sacs en tissu brodé à l'intérieur duquel se trouve un voeu inscrit sur un morceau de papier ou une planchette de bois. Il ne faut surtout pas ouvrir le "omamori". Ils en existent de toute sorte: pour la santé, pour ne pas avoir d'accident, pour réussir ses examens, pour accoucher sans douleur, pour guéri...

Pour 100 yens (moins d'un euro), on peut également tirer un "omikuji". Après avoir payé, on prend une boîte de bois cylindrique. Seul un petit trou est percé au fond. On la secoue puis on en fait tomber un petit bâtonnet de bois sur lequel est inscrit un numéro. On obtient alors un "omikuji" correspondant à ce numéro. Il s'agit d'une feuille de papier longue et fine sur laquelle est indiquée différentes choses concernant l'avenir (travail, amour, voyage, déménagement, examens, études...) C'est un genre d'horoscope. Si vous ne parlez pas japonais: pas de panique. Dans les grands sanctuaires, on trouve aussi des omikuji en anglais. Une fois que l'on a tout appris sur son avenir, il faut nouer la feuille de papier autour d'un fil, près de l'avenir de centaines d'autres personnes.


J'aime beaucoup cet aspect du shintoïsme: on a le droit de faire des voeux, de prier même si l'on n'est pas shintô. D'ailleurs, la plupart des Japonais ne sont pas pratiquants ou bien réunissent des croyances bouddhistes et shintô. Personne ne m'a regardé de travers quand j'ai offert 10 yens à Hachiman et lui ai demandé de réaliser mon voeu... La pratique religieuse ici est bien différente de celle que l'on connaît en France. C'est vraiment la lune et la tortue...

Ah oui, j'allais oublier: dans les sanctuaires Shintô, on peut également apercevoir des couples qui viennent de se marier...


Et voila... Si par chance vous vous rendez dans un sanctuaire shintô, vous ne serez pas trop perdu. Bientôt, vous en saurez plus sur le bouddhisme au Japon puisqu'à Kamakura, on peut également vois une statue géante de bouddha que je présenterai dans un prochain billet.

24 février 2006

木 - Arbres

Cliquez sur la photo pour l'agrandir.

22 février 2006

La maladie du sommeil

Aujourd'hui, je fais une parenthèse pour parler un peu des trains de banlieue. Je sais que tout le monde attend avec impatience mon post sur Kamakura, mais je le peaufine, j'y mets du coeur, je me renseigne beaucoup pour vous (surtout depuis que Fred m'a posée cette colle sur la grosse corde). Bref, aujourd'hui, pas de temple, pas de Bouddha, pas de plage: mais des trains japonais.

Enfin japonais, japonais... C'est une façon de parler vue qu'ils ressemblent assez à nos RER: il fait chaud, ça pue, on ne peut pas respirer et aux heures de pointe c'est absolument l'enfer. Vous êtes serrés, poussés, écrasés, bousculés, éternué ou toussé dessus... Bref, comme dans le RER à Paris. Avec en plus, à chaque arrêt un type qui parle d'une voix nasillarde pour vous remercier d'emprunter cette ligne (comme si les gens avaient le choix) et annoncer le terminus, la station suivante et bla bla bla. Bref, pas une expérience très enrichissante.

Deux petites différences par rapport à la France cependant:

1) Il n'y a pas de barre de métal pour se retenir lorsque le train freine (sauf sur la ligne Yamanote), juste des poignée à 5 mètres du sol (Quoi j'exagère toujours?!? Elles me donnent cette impression en tout cas) qui pendouillent au dessus des genoux des gens qui se sont précipités sur les places assises qui restaient. Donc, quand on se tient à la poignée, on a les genoux qui cognent les genoux des gens assis. Bon, c'est tout de même supportable. De toute façon, à l'heure de pointe, on est tellement serrés que c'est impossible de tomber lorsque le train freine. Imaginez une boîte de sardine sur des rails qui frein brutalement: les sardines seront un peu écrasée mais elles ne tomberont pas. Là, c'est la même chose.

2) Gros inconvénient pour les gens qui ont tendance à avoir facilement le mal des transports: les sièges sont placés de façon latérale au sens de la marche afin de caser plus de monde. Ca marche vraiment, c'est vrai que comme ça, il y a plus de place. Mais:
a) ça donne terriblement mal au coeur (ajoutez à ça un type qui vous souffle son haleine alcoolisée dès 7h du matin ou bien une dame qui sent très fort le daikon séché)
b) On ne peut pas s'appuyer contre la fenêtre pour piquer un petit roupillon.

Je dirais que les Japonais ne sont pas particulièrement concernés par ces deux problèmes. Peu importe l'heure: la plupart des Japonais qui ont eu la chance d'obtenir une place assise dans les trains de banlieue... dorment. En général, je me retrouve assise face à une rangée de gens endormis la bouche ouverte. C'est assez surprenant quand on pense que d'habitude, à Paris, je suis la seule à m'endormir dans le métro (j'ai la chance de n'avoir aucun problème à trouver le sommeil dans les lieux publics).

Le plus incroyable, c'est qu'ils dorment verticalement!!! Je m'explique car je sens que certains n'ont pas compris ce que j'entendais pas là: moi pour dormir, je dois avoir la tête appuyée sur quelque chose où bien je me réveille en sursaut dès que ma tête s'affaisse un peu trop au goût de mon cerveau. D'où vitre du métro absolument nécessaire pour une sieste réussie. Les Japonais, eux, dorment avec la tête penchée en avant, menaçant de faire plonger le reste de leur corps en avant à chaque instant. Ah, ils sont forts ces Japonais... Je ne sais vraiment pas comment ils font...

Bon, rassurez-vous, si vous venez au Japon et que vous vous sentez l'envie de faire un petit somme dans le train mais que vous n'avez pas la même résistance au phénomène de tête flottante que les Japonais... Pas de panique!!! Vous pouvez vous appuyer sur votre voisin qui roupille allègrement et ne se rendra compte de rien.

(Ah oui, ça donne vraiment ça... J'ai trouvé ce dessin sur ce blog japonais)

Ca pose tout de même légèrement problème de dormir si profondément dans une position si peu propice au sommeil: si on ne se réveille pas lorsque son corps s'affaisse, on ne se réveille pas non plus lorsque la porte du métro s'ouvre à la station où l'on doit descendre, voire au terminus du train. La plupart du temps, je suis obligée d'en réveiller un ou deux une fois arrivés à Shinjuku. Evidemment, c'est le genre de situation embarrassante où tous les Japonais vous regardent comme si vous étiez une bête curieuse un peu folle. Je ne sais jamais quoi dire dans ces cas-là (comment dit-on "ohé" en japonais?!? "Réveillez-vous ne me semble pas très poli et "bonjour" pas assez puissant) alors je me contente de les secouer pas l'épaule en disant "on est à Shinjuku". La plupart se réveillent en sursaut, légèrement hagards, me regardant avec surprise et s'enfuyant sans remercier pour rattraper leur retard. Et oui, vous saurez que les Japonais ne réveillent pas leurs compatriotes endormis même si ils savent parfaitement que le train va repartir dans l'autre sens et les ramener à leur point de départ. J'imagine qu'il y a une raison à cela: peut-être est-ce impoli de réveiller un inconnu ici.

Encore un scoop: les enfants sont également touchés par le phénomène du "sommeil du train de banlieue": pas plus tard que la semaine dernière, j'ai vu un petit de 5 ans s'endormir en quelques secondes, la sucette à la bouche, la casquette de travers alors que l'instant d'avant, il parlait à sa mère. Peut-être bien qu'ils vaporisent un gaz soporifique dans le métro pour que les gens bénéficient d'un peu plus de sommeil et être plus efficaces au bureau... Ou bien une mouche Tsé-Tsé sévirait-elle au coeur de Tôkyô? Moi-même, j'ai tendance à somnoler dans le train lorsque je ne me demande pas si je vais rendre mon petit déjeuner sur les chaussures vernies du salary-man qui se tient debout en face de moi en train de lire un manga...

Je devrais me méfier.

"Vendre le printemps"...

... signifie "se prostituer" en japonais. Très poétique, non?

20 février 2006

Blog-questionnaire

Aujourd'hui j'avais l'intention de vous parler de ma journée à Kamakura... mais ça attendra bien demain. En effet, un évènement inhabituel s'est produit: aujourd'hui, jour historique s'il en est: on me passe mon premier blog-questionnaire (merci Fred!) qui va vous permettre d'en savoir un peu plus sur moi. En effet, lorsque vous lisez mon blog, je suis sure que vous vous dites tous: "Quel personnage énigmatique, j'aimerais tellement en savoir plus sur elle" (c'est quoi ces guillemets à l'américaine?!?). Et ben tout ça, c'est du passé grâce à ce questionnaire auquel j'ai eu beaucoup de mal à répondre (et puis en plus j'ai mis n'importe quoi, hin hin hin)
Bonne lecture :-)

4 films que je pourrai regarder encore et encore:
(oh la la, j'en vois tellement... Pas de panique, je sors les films que j'ai emmenés avec moi au Japon...)

- Le goût des autres de Agnès Jaoui (et en général les films avec/de Bacri/Jaoui)
- Jeux interdits de René Clément
- Le voyage de Chihiro de Hayao Miyazaki (pourtant je suis pas trop dessins animés japonais)
- Les 400 coups de François Truffaut



4 jobs que j'ai eu dans ma vie (tous des jobs d'étudiante):

- J'ai donné des cours à une petite fille de CM2 quand j'étais en terminale
- Baby-sitter au lycée (un peu nulle d'ailleurs)
- Employée à la blanchisserie d'un hôpital
- Agent distributeur à la Poste (factrice, quoi!)

4 endroits où j'ai habité :
- Paris
- Nantes
- Tromsø , au nord de la Norvège (la frime)
- Tôkyô (encore la frime)

4 émissions de TV que j'aime / j'aimerai encore voir :

- Friends
- Urgences, la série parfaite pour les dimanches soirs
- En ce moment, Pitagora switch, une émission éducative pour les enfants japonais.
- Euh... J'aime pas trop la TV en fait.

4 endroits où j'ai passé des vacances :

- La Grèce avec des gens peu sympathique de mon collège.
- L'Espagne avec ma famille, des souvenirs merveilleux.
- Kautokeino, dans Sapmi, en Norvège. Il faisait -20°C, c'était l'horreur.
- Prague, dernière en date = destination préférée


4 sites que je visite régulièrement:

- Le Monde, Libération, Le Monde Diplomatique et Asahi Shimbun
- Beaucoup de blogs
- Le site de Cabanon Press.
- Slovnik. (cherchez pas, ça n'a aucun intérêt pour vous)


4 aliments ou plats que je préfère (pfou, la question la plus difficile du monde):

- Tout ce qui est sucré (mais pas écoeurant) avec une préférence pour le chocolat.
- Le fromage avec du bon pain (j'en rêve depuis que je suis ici)
- La cuisine de ma Môman
- Les bentô (boîtes-repas japonaises) de Monsieur Ise, mon marchand de bentô dont j'ai l'intention de vous parler prochainement.



4 endroits où je préfèrerais être "là et maintenant":

- A Prague avec qui-vous-savez.
- Dans la cuisine de mes parents, avec toute ma famille, mon chat sur les genoux et ma chienne me bavant sur les pieds.
- En Scandinavie, en train de faire de la luge ou un bonhomme de neige parce que Fred me rappelle de très bons souvenirs.
- Dans une librairie, en train de lire toutes les BD sorties durant mon absence.



Bon, je dois le passer à 4 personnes? Alors je le passe à mon frère même si je sais qu'il ne va pas y répondre, au Grain de sel et puis à Bryan et Shannon, même s'ils ne parlent pas français. Et oui, je n'ai pas le choix, parce que je ne connais personne d'autre (merci questionnaire de me rappeler ma blog-misère...)

18 février 2006

A venir: Kamakura

La mer

17 février 2006

冬終る

J'ai tiré le titre de ce poste d'un site français qui présente des haïkus, ces petits poèmes japonais, sur les saisons:

Une tortue meurt
Comme elle a vécu, en silence...
L'hiver se termine. Akito ARIMA

冬終る, fuyu owaru, l'hiver se termine...

Depuis trois jours à présent, les températures se sont vraiment adoucies ici. Mercredi, on avait même l'impression d'être au début de l'été: un grand soleil, un ciel bleu, des oiseaux autres que les corbeaux qui chantaient et même des bourgeons sur les arbres et des petits germes sortant de terre... Il est donc temps que je vous parle de l'hiver japonais avant que tout cela ne se termine.

Evidemment, il est difficile de parler de l'hiver japonais lorsque l'on sait que le Japon s'étend sur 3000 Km de latitude (c'est pas en degrés, la latitude, normalement?): il vaut mieux parler des hivers japonais. Par exemple, l'hiver à Hokkaidô, la grande île du nord est très différent de celui d'Okinawa, une île japonaise proche de Taiwan où le climat est subtropical (humide et chaud). Bon, j'arrête de jouer les profs de géographie du collège... Mais vous avez compris ce que je voulais dire.

Avant de partir, on m'avait dit que l'hiver à Tôkyô était très proche de l'hiver à Paris. C'est complètement faux! S'il est vrai que les températures sont relativement similaires, l'hiver ici est très sec et il a fait un temps magnifique pratiquement tous les jours: grand ciel bleu et soleil en hiver, il y en a que ça fait rêver...

Cependant, les régions qui se trouvent un peu au nord de Tokyo ont été cette année touchées par des chutes exceptionnelles de neige qui ont pris les Japonais au dépourvu: accidents de train, immobilisation de la circulation, avalanches meurtrières et écroulements de maisons sous le poids de la neige avec leurs habitants à l'intérieur. Bref, pas très sympa. Comme je vous l'ai dit, on a eu deux jours de neige ici, dans la banlieue de Tôkyô ce qui n'a pas l'air très courant. Mais mis à part ça, bien que l'on dise que l'hiver de cette année est vraiment exceptionnel, je ne trouve pas qu'il ait fait très froid à Tôkyô. En même temps, ayant passé un an au nord du cercle polaire, je suis peut-être immunisée contre le froid...

Mais parlons de choses moins agréables: il y a quelques années, ma famille avait reçu en guise de carte de voeux de la part d'une amie anglaise vivant au Japon, une dissertation sur les tuyaux de chauffage de son appartement. (Alice, si tu me lis...) Ca nous avait bien fait rigoler. Ces derniers mois, j'ai compris ce qu'elle voulait dire. Non pas à cause des tuyaux de chauffage vu que mon appartement est chauffé par la fée électricité. Non non, à cause de l'isolement des maisons japonaises. En gros, pour résumer: elle est inexistante. C'est bien simple: il faisait pratiquement aussi froid chez moi que dehors.

Chez moi, la porte d'entrée donne sur une grande cuisine qui n'a aucun chauffage. Au fond de la cuisine, il y a deux portes au fond de la cuisine qui donnent sur la chambre et sur le bureau. La chambre et le bureau sont équipés d'un système de climatisation, moyen de chauffage très répandu au Japon (et très polluant, rappelons-le). Les climatiseurs sont des espèces de grosses boîtes parallélépipédiques fixées sur le mur à environ 20 cm du plafond. Ce qui n'est pas très malin: tout le monde sait que l'air chaud est plus léger que l'air froid (montgolfières à l'appui) et donc, l'air chaud soufflé en hauteur reste au niveau du plafond. Pour résumer, à moins que vous ne mesuriez deux mètres de haut (ce qui n'est pas mon cas et qui est assez rare au Japon), vous ne sentirez pas la différence.

Autre défaut de mon appartement: dès que l'on fait marcher deux appareils électriques en même temps, les plombs sautent. J'ai renoncé dès le départ à dormir dans la chambre et j'ai déménagé mon futon dans le bureau puisqu'une seule pièce était potentiellement chauffable. Je sais que mes voisines continuent à travailler dans leur bureau et à dormir dans leur chambre, je ne sais vraiment pas comment elles peuvent le supporter...

Parce qu'autant le dire, il fait très froid chez moi, notamment dans la cuisine-salle de bain-toilette où le chauffage est inexistant. Ah si, quand même, joie de la technologie japonaise de pointe en matière de toilettes: les miennes sont équipées d'un siège chauffant... que je n'utilise pas car j'étais incapable de me relever une fois assise dessus (ce qui, avouez le, est assez ennuyeux). A partir du moment où le matin, en allant préparer mon petit déjeuner dans la cuisine je me suis mise à trembler et à claquer des dents, je me suis acheté un thermomètre que j'ai collé sur mon frigo. J'ai vu la température varier énormément. Je dirais que la plupart du temps, il faisait 8°C dans ma cuisine. D'ailleurs, un jour où j'ai voulu utiliser mon huile d'olive, je me suis rendue compte qu'elle avait gelé (l'huile gèle autour de 10°C). J'aurais aimé vous montrer une photo, mais comme je vous l'ai dit, la température a augmenté depuis 3 jours et elle est redevenue liquide.

Par la suite, j'ai découvert que j'avais un petit radiateur électrique portable. Il a fonctionné sans arrêt les dernières semaines, faisait exploser ma facture d'électricité. Tout le monde connaît le dilemme du radiateur électrique: soit on est trop loin et on ne sent rien, soit on est trop près et ça brûle les jambes. Je me suis vite résignée à utiliser des couches supplémentaires pour pallier aux maigres moyens de chauffage (ben oui, par exemple lorsque j'utilise mon four à micro-ondes, ma machine à laver, mon sèche-cheveux... je ne peux pas utiliser le radiateur électrique). Je dors donc habituellement avec:

- deux paires de chaussettes, une en laine épaisse, l'autre fourrée à l'intérieur
- deux pantalons de pyjama dont un très épais en polaire. Merci etam :-)
- trois T-shirts en coton à manche longue (un gris, un blanc et un rouge)
- une veste de pyjama en polaire, assortie au pantalon
- une couette
- trois couvertures placées les unes sur les autres par dessus la couette
- une bouillotte qui pue bizarre

Malgré cela, j'avais toujours froid la nuit (je ne laisse pas le chauffage la nuit, donc le matin, il faisait environ entre 4°C et 10°C dans ma chambre-bureau. ) alors je me suis mise à la couverture chauffante. Cet objet, bien qu'il n'ait pas participé à faire diminuer ma facture d'électricité est un cadeau béni des Dieux: finies les nuits passées à me réveiller quatre ou cinq fois, en grelottant, cherchant à tâtons une de mes chaussettes glissantes au fond du lit... Je revis avec cette couverture, c'est incroyable, je ne savais même pas que cela existait!!! C'est une couverture normale mais à l'intérieur de laquelle se trouvent des fils conducteurs. On la branche et hop, les fils se mettent à chauffer. Moi je la plaçais sous moi, c'était vraiment le bonheur.

En ce qui concerne les douches, j'ai honte de le dire mais je me lavais les cheveux le moins souvent possible... Me retrouver ensuite pendant deux heures avec les cheveux mouillés dans un appartement à 8°C, merci bien. En plus, le système électrique du Japon fonctionne sur 110V donc mon sèche-cheveux français est très faiblichon ici et ne sert absolument à rien. Je me lavais quand même tous les jours (ben oui, pour qui vous me prenez? Mimi-cracra?) mais super vite. Hop là, on se mouille, on se savonne, on se rince, et on court encore toute mouillée dans le bureau se coller devant le radiateur électrique.

Bon, je me plains, je me plains, mais je sais que c'est la même chose dans la plupart des maisons japonaises. Une des profs m'a raconté que le premier appartement qu'elle avait occupé au Japon était pareil: elle laissait l'eau du bain dans la baignoire (les Japonais font ça, je crois que c'est en cas d'incendie mais je ne suis pas sûre) le soir. Le matin, en se levant, elle retrouvait une pellicule de glace à la surface de l'eau.

Les seuls endroits qui sont bien chauffés ici sont les bâtiments administratifs et officiels (l'université par exemple) où il règne une chaleur incroyable en hiver (on se met en T-shirt) et un froid en glacial en été (on enfile un pull) pour cause d'abus de climatisation.

Bon, je ne vais pas poster sans photo quand même: en voila une du thermomètre qui se trouve sur mon frigo le jour où il a fait le plus froid dans mon appartement. Non non, je ne l'ai pas mis dans le congélateur avant pour avoir une photo-choc: il faisait bien 0°C dans ma cuisine. J'ai pris cette photo à 10h du matin, alors qu'il faisait jour... Donc vous pouvez imaginer la température qu'il faisait durant la nuit (d'ailleurs, moi qui me lève alors qu'il fait encore nuit, je sens vraiment la différence dès que le soleil apparaît). Bon, ça n'est quand même pas arrivé souvent qu'il fasse 0°C chez moi mais ce jour là, il faisait meilleur dans mon frigo que dans ma cuisine :-)


Note: Alors que je cherchais des expressions faisait référence au printemps pour le titre de ce poste, je suis tombée sur celle-ci: 春を売る (haru wo uru), "vendre le printemps" qui signifie... Essayez de trouver. C'est très poétique, vous verrez.

16 février 2006

Parce qu'il le vaut bien...

... et parce qu'il me l'a demandé, pour les amateurs de (gros) chats, j'ai ajouté quelques images de Monsieur Patapouf dans un album photo.

Et puis comme j'ai remarqué que les histoires et les photos de chats étaient efficaces pour faire venir mes popines sur le blog, je mets aussi la photo de Matěj (ça se prononce Ma-ti-eille, ça veut dire Mathieu), un petit chat tchèque que j'ai rencontré en décembre à Dobra Voda et que je salue ici, car je sais qu'il parle bien français et qu'il adore lire mon blog.



Voila voila (ou comment éviter de trop se casser la tête pour écrire sur son blog)

15 février 2006

La méga-honte

Aujourd'hui, je me baladais sur mon blog comme d'habitude, tentant de le customiser (à prononcer avec un super accent américain) du mieux possible, me désespérant de ne recevoir aucun commentaire (pourquoi Dieu!!! Pourquoi?!?) quand soudain, au hasard de mes errances, je tombe sur un petit machin, même que quand on clique dessus ça ouvre une autre fenêtre (mais comment ça s'appelle bon sang de bon soir de crénom d'un chien?!? Un onglet?!? C'est ça?!?) alors je clique dessus: "modérer les commentaires", c'est achement rigolo comme expression (ah vous trouvez pas?) mais qu'est ce que ça veut dire au juste? Bah, on verra bien. De toute façon, je fais un peu tout fonctionner au pif sur ce blog vu que je viens juste de découvrir qu'on pouvait changer un truc qui s'appelle code HTML (ça fait genre livre d'espionnage comme nom) et que tout le blog change en même temps!!! Incroyable. Ca ne m'étonnerait pas qu'un jour, tout se déglingue parce que je ne fais pas ça dans les règles de l'art à mon avis...

Bon, bref, on s'en fiche de ta vie Marjete...

En cliquant sur ce petit truc, ma vie a basculée: j'ai découvert que Dieu, dans son infinie bonté m'avait envoyé des commentaires sur mon blog. Sauf que c'était pas Dieu. C'était des gens. Des gens qui me lisent, qui lisent mes mots, ma prose et qui ne signent même pas Papounet (mais quelques uns si, quand même. Mais j'ai pas du tout honte, non non...) Alors voila, je viens de découvrir que des gens venaient sur mon blog et laissaient des commentaires, je trouve ça super gentil. Je suis émue et etonnée. Alors j'ai envie de dire (imaginez-vous, genre cérémonie des oscars (ou bien cérémonie des prix nobels pour les étudiants en physique des particules qui sont très nombreux sur ce blog), flashs des paparazzi qui crépitent, moi en robe de soirée sous la lumière des spots, une larme de reconnaissance roulant sur ma jour, me cramponnant à mon trophée et d'une voix remplie d'émotion):

1) Merci à ma maman et à mon papa, mes premiers lecteurs, sans qui rien n'aurait été possible (tu parles).
2)A tous les gens qui m'ont laissé des commentaires, même si c'est pas gentil, je sais pas, je les ai pas encore lu: un grand MERCI et surtout: continuez! Critiques également acceptées :-D
3) Et à tous ceux qui viennent sur ce blog et qui sont trop timides pour m'écrire: n'hésitez plus: écrivez-moi, j'ai envie de savoir qui vous êtes. Et en plus, je ne mords (presque) jamais.

Et puis je voulais aussi dire que j'avais eu la méga-honte de n'avoir pas vu que j'avais activé l'option "modérer les commentaires" (ah ah ah, trop marrant!) auparavant... Surtout quand j'ai vu que d'autres bloggeurs étaient venus sur ce site... Ces gens doivent savoir à quel point il est facile de gérer son blog alors que j'essaye de me faire passer pour une pro de l'informatique au sein de ma famille et de mes amis néophytes. Finalement, quelle amatrice je fais quand même...

14 février 2006

Saint Valentin à la japonaise

Vous l'avez peut-être oublié (comme moi) et vous la méprisez peut être (comme moi), mais hier, c'était la Saint Valentin.

Je ne sais pas trop si en France, les gens fêtent beaucoup la Saint Valentin. Personnellement, j'aurais dit que non et que tout le monde se rendait compte qu'il s'agissait d'une fête commerciale à l'anglo-saxonne du même genre qu'halloween... Mais peut-être me trompais-je...

Bref, on s'en fout, on n'est pas là pour parler de la France de toute façon.

Il semble qu'ici, la Saint Valentin soit très apprécié par les jeunes japonaises. Est-ce une occasion pour les timides japonais de déclarer leur flamme à leur Valentin(e)? En fait, pas trop. En écoutant Sayaka m'en parler, j'ai plus eu l'impression qu'il s'agissait en quelque sorte d'une obligation plutôt qu'une célébration de l'amûr.

La Saint Valentin a été introduite au Japon en 1958 par un fabriquant de confiseries (il était pas con celui-là). Au Japon, seules les femmes se doivent d'offrir des cadeaux aux hommes à la Saint Valentin. En échange, le 14 mars, lors du "White Day", une fête inventée dans les années 1960 par un fabriquant de marshmallow (lui il était plus con: qui veut offrir des marshmallow, confiserie rendant les gens anti-sexy par excellence à sa petite copine?!?), les hommes offrent des cadeaux aux femmes. En principe, les femmes offrent des chocolats aux hommes tandis que les cadeaux faits aux femmes sont plus variés (chocolats, gâteaux, douceurs, fleurs...)

Mais attention, pour la saint Valentin, beaucoup de filles n'offre pas un cadeau au seul élu de leur coeur mais à tout leur entourage masculin: grand-père, père, frère, collègues de travail, amis garçons... Les chocolats offerts ne sont pas tous les mêmes: pour les gens les moins proches, on achète des chocolats dans une boutique (d'ailleurs, les étals des chocolats ont fleuris dans les rues ces temps-ci, c'était très sympa car la plupart offrait des échantillons) mais pour son amoureux, on "fabrique" des chocolats soi-même. Fabriquer est un grand mot: par exemple on peut tremper des morceaux d'oranges confites dans du chocolat noir... mais il existe tout de même des livres avec différentes recettes de chocolats (photos très intéressantes à regarder, je confirme). Perrine, qui organise un club de cuisine française a été harcelée par les étudiantes, ces dernières semaines, pour qu'elle leurs apprennent à préparer des chocolats français de la Saint Valentin. Elle en avait un peu marre à vrai dire.

Pour finir ce post, je voudrais remercier Sayaka qui m'a offert une boite de chocolats super bons alors que j'avais fait une blague comme quoi j'allais recevoir des tonnes de chocolats... Je devrais faire des blagues plus souvent moi...


Un petit chocolat pour la route?



Note: cette photo est tirée de cet article (en anglais) qui explique que les coutumes sont en train de changer puisque de plus en plus de femmes japonaises préfèrent s'acheter leur boîte de chocolats de luxe le jour de la Saint Valentin plutôt que d'en offrir à leurs collègues. Perso, moi, je les comprends.

Festin

Ce soir, le département de français de mon université organisait une petite réception pour son personnel afin d'accueillir les nouveaux venus (si j'ai bien compris). Malheureusement, ayant cours jusqu'à 19 heures, je ne pouvais pas y assister. Mes professeurs m'avaient tout de même conseillée de passer après mon cours en me promettant de me mettre quelques sushi de côté. Je suis arrivée juste à la fin, lorsque tout le monde se partageait les restes et les professeurs m'ont poussée à en prendre le plus possible. Avec les assiettes qu'ils m'avaient mis de côté, j'ai de quoi manger jusqu'à la fin de la semaine. Voici quelques photos pour que vous ayez une idée de ce qu'est un buffet froid japonais à la française.

PS: Désolée mais certaines des photos sont malheureusement très floues. Je les ai pris trop vite mais j'étais vraiment pressée de goûter à tout! Je suis sure que vous saurez me pardonner!


Gâteaux apéritifs japonais, petits toasts au poisson et à la crème
Sushi de crevette, d'omelette japonaise, de thon rouge, et maki aux oeufs de poisson et au concombre, poulet karaage, pommes de terre frites et crudités accompagnées d'une sauce à base de cottage cheese.
Assiette de fromages... Je n'en avais pas vue depuis mon arrivée ici...


Et oui, c'est la saison des fraises ici, ne me demandez pas pourquoi.


Une petite vue d'ensemble pour terminer et se mettre l'eau à la bouche!

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